Opéra de Reims, un cru 2018/2019 très équilibré
Dès le dimanche 16 septembre 2018, comme chaque année pour les Journées du Patrimoine, l'Opéra de Reims ouvrira ses portes pour des visites guidées. Les festivités lyriques seront ensuite lancées les 5 et 7 octobre par le Faust de Gounod dans la mise en scène de Nadine Duffaut, une production diablement vagabonde : représentée en Avignon il y a deux saisons de cela (nous y étions), à Massy la saison passée (notre compte-rendu) et programmée la saison prochaine à Metz, Marseille, Nice. Fort différente dans ces deux dernières villes, la distribution rémoise sera la même qu'à Metz (avec toutefois Nicolas Cavallier à la place d'Homero Pérez-Miranda en Méphistophélès : tous les détails dans notre base de données).
Avant Massy et porté par la même distribution (mais dans une version différente de celle vue l'année dernière à l’Amphithéâtre de Bastille), Into the woods célébrera à Reims les musicals et l'art de Stephen Sondheim. Reims se confirme également comme ville-hôte pour les grandes tournées des co-productions, en témoignent les trois spectacles du mois de janvier (et nos articles dédiés) : L'Enlèvement au Sérail de Mozart par Emmanuelle Cordoliani, The Beggar's Opera de John Gay par Robert Carsen et Les p'tites Michu d'André Messager par Rémy Barché.
Bis repetita les mois suivants avec Il Mondo alla roversa, opéra buffa de Baldassare Galuppi composé sur un livret de Goldoni (co-production d'Avignon), L'Heptaméron avec les théâtres d'Amiens, Liège, Grenoble, Cherbourg, Caen, Chelles et Enghien-les-Bains (une production portée par Les Cris de Paris, en résidence à l’Opéra de Reims et qui y offriront également une nouvelle création de Pierre-Yves Macé). Idem d'ailleurs côté ballet : avec l’Opéra national du Rhin pour Le Lac des cygnes et le Yacobson Ballet de Saint-Pétersbourg pour La Belle au bois dormant.
Le sommet lyrique de la saison s'annonce pour avril avec une nouvelle mise en scène du Macbeth de Verdi, signée Frédérique Lombart. Alex Penda et André Heyboer interpréteront le terrible couple-titre avec Banco (Dario Russo), Macduff (Marco Cammarrota), Malcom (Kévin Amiel) et Dama (Charlotte Despaux). Enfin, Reims refermera ses portes opératiques en mai avec "Tous à l'opéra" et une reprise de L'Auberge du Cheval Blanc.
La saison sera également rythmée par de pétillantes initiatives, dont une création d'un opéra tout public : Le Miroir d’Alice, composé par Thomas Nguyen sur un livret de Brigitte Macadré d’après Lewis Carroll, pour sept solistes (dont Ambroisine Bré dans le rôle-titre), orchestre et haut-parleurs. Un spectacle également porté par la création sonore de Pierre Tanguy, la direction musicale de Bertrand Causse et la mise en scène de Gauthier Lefèvre. Encore tout public, le Barbier participatif (chroniqué à Rouen puis au TCE) passera aussi par Reims. À vos saveurs est un opéra bouffe et aussi une nouvelle création tout public signée par la compagnie Acta (avec la chanteuse Violaine Lochu).
Reims mêlera également la recréation à l'absurde, avec une performance signée du chanteur et compositeur Vincent Bouchot, d'après des pièces du fameux -en son temps- Pierre-Henri Cami (1884-1958) : Le Désenglandé, "drame exotique et bourgeois" placé dans la forêt vierge avec un explorateur, un singe chipeur et l'héritage d'une tante, puis Le Fils de Roméo et Juliette, dans lequel "les célèbres amants de Vérone se réveillent soixante ans après". Le tout sera porté par le Trio Musica Humana (le contre-ténor Yann Rolland, le ténor Martial Pauliat et le baryton Igor Bouin) avec Bianca Chillemi au piano.
Insolite encore, opéra comique cette fois : la légende veut que Maison à Vendre ait été composée lorsque le compositeur Nicolas Dalayrac invita Alexandre Duval dans sa maison et l'enferma à clé pour en obtenir un livret ! À Reims, Pauline Warnier & Hélène Clerc-Murgier dirigeront dix instrumentistes, Pauline Sikirdji (incarnant Lise), Hélène Babu (Madame Dorval), David Ghilardi (Dermont), Jean-François Lombard (Versac) et le voisin Didier Girauldon dans une mise en scène de Constance Larrieu.
Pour commémorer le centenaire de l'Armistice, la soprano Hadhoum Tunc et l'Orchestre des Jeunes Marnais dirigés par Yann Molénat proposeront un programme de compositeurs contemporains du conflit et représentant les deux camps : Debussy - Poulenc - Ravel - Schoenberg - Lehar. Après le Chemin des Dames, Les Chemins de l'amour, titre d'une mélodie de Poulenc sur un texte de Jean Anouilh donnera son nom à un spectacle de la mezzo Sophie Pondjiclis et du pianiste Stéphane Petitjean avec le récitant Patrick Poivre d’Arvor (qui avait déjà fait des incursions lyriques à l'occasion d'Opéra en plein air, mettant en scène Carmen en 2010, Don Giovanni en 2014, signant également le livret d'Un amour en guerre de Caroline Glory la même année à Metz).