Metropolitan Opera 2018/2019 : only the best !
En même temps que la liste des opéras programmés, le Met a annoncé que Yannick Nézet-Séguin prendra ses fonctions de Directeur musical dès le mois de septembre 2018, soit deux ans avant la date prévue. Le chef d'orchestre québécois sera donc à retrouver à la direction de plusieurs productions la saison prochaine, mais cette belle nouvelle pour lui est aussi liée à une triste affaire : il remplace en effet de manière anticipée James Levine, accusé d'agressions sexuelles.
Quatre nouvelles productions
Pour le spectacle de gala à l'occasion du réveillon du Nouvel An, Anna Netrebko interprétera pour la première fois au Met le rôle-titre d'Adriana Lecouvreur, avec à ses côtés le ténor Piotr Beczała, la mezzo Anita Rachvelishvili (qui nous l'avait annoncé en interview) et le baryton Ambrogio Maestri sous la baguette de Gianandrea Noseda. Nouvelle au Met, cette mise en scène signée du toujours passionnant Sir David McVicar a déjà séduit Londres, Vienne et Paris (retrouvez-en d'ailleurs notre compte-rendu) avec sa réplique d'un théâtre baroque.
Samson et Dalila mettra en vedettes Elina Garanca et Roberto Alagna (qui ont conclu la dernière saison parisienne et s'étaient déjà fait remarquer au Met avec une Carmen en fusion). Ils alterneront avec le duo vu à Bastille la saison dernière dans cet opéra de Saint-Saëns : Aleksanders Antonenko et Anita Rachvelishvili. Darko Tresnjak fera ses débuts au Met avec une nouvelle mise en scène monumentale du temple de Dagon.
Roberto Alagna reviendra pour Carmen, avec Clémentine Margaine (comme aux débuts de la production parisienne la saison dernière). De Bizet également seront donnés Les Pêcheurs de perles dans l'impressionnant plateau de Penny Woolcock avec Pretty Yende en prêtresse Leïla, Javier Camarena et Mariusz Kwiecien en rivaux pour cet amour interdit, le tout dirigé par Emmanuel Villaume. Sera aussi proposé, toujours avec Yende et Camarena, un célèbre opéra en français du grand compositeur italien : La Fille du Régiment de Donizetti dans la légendaire production de Laurent Pelly.
D'ailleurs, le répertoire français présentera également ses deux plus grands chefs-d'œuvre du XXe siècle : Pelléas et Mélisande (Debussy) mis en scène par Sir Jonathan Miller avec le jeune couple tragique formé par le ténor Paul Appleby et la mezzo-soprano Isabel Leonard, sous l'œil menaçant du baryton Kyle Ketelsen et rien de moins que Marie-Nicole Lemieux en Geneviève et Ferruccio Furlanetto en Arkel.
Les Dialogues des Carmélites (Poulenc) qui triomphent actuellement au TCE dans la mise en scène d'Olivier Py reviendront à New York dans la production classique de John Dexter. C'est d'ailleurs Isabel Leonard qui interprétera de nouveau le rôle principal, Blanche de la Force, avec notamment Erin Morley et Karita Mattila.
Si les mises en scène ont pris l'habitude de moderniser les histoires, la nouvelle production de La Traviata signée Michael Mayer fera l'inverse en vieillissant l'intrigue d'un siècle, la faisant remonter à un XVIIIème siècle tourbillonnant. La production offrira surtout un duo remarquable entre Juan Diego Flórez et Diana Damrau dirigés par Nézet-Seguin. Le premier Germont sera Quinn Kelsey avant qu'une autre distribution ne propose Anita Hartig, Stephen Costello et Plácido Domingo.
Enfin, la dernière production nouvelle sera une commande faite par le Met au compositeur Nico Muhly, son second opéra pour l'institution de la grande pomme, un opus intitulé Marnie et basé sur le roman de Winston Graham qui inspira le film éponyme d'Alfred Hitchcock. Poursuivie par le baryton Christopher Maltman, la mezzo-soprano Isabel Leonard chantera l'énigmatique rôle-titre, sous la direction de Robert Spano dans une mise en scène cinématographique de Michael Mayer.
Simply the best
Parmi les événements retentissants, le public peut attendre énormément du choc des titans sur Aida entre Anna Netrebko qui a pris le rôle l'été dernier à Salzbourg et Anita Rachvelishvili qui triomphait encore en Amneris l'été dernier aux Chorégies d'Orange !
Verdi proposera également son dernier opéra, Falstaff, incarné par le spécialiste du rôle Ambrogio Maestri, mis en scène par Robert Carsen dans l'Angleterre après-guerre des années 1950, avec également les sopranos Ailyn Pérez et Golda Schultz.
Après avoir porté La Bohème dans le vaisseau spatial de Bastille sur toutes les distributions hormis la première avec Yoncheva, Nicole Car fera avec Mimi ses débuts au Met, dans la classique version de Franco Zeffirelli. Elle alternera avec Ailyn Pérez, se réchauffant avec les ténors Vittorio Grigolo et Michael Fabiano.
Jonas Kaufmann reviendra également avec Puccini, pour conquérir La Fille du Far-West avec la soprano Eva-Maria Westbroek, face au shériff de Željko Lučić. Marco Armiliato sera le Directeur musical de cette mise en scène signée Giancarlo del Monaco.
La saison 2018-2019 marque également le grand retour de la Tétralogie de Wagner. 18 heures de spectacle dirigées par Philippe Jordan dans la mise en scène de Robert Lepage. Outre les quatre célèbres opéras de Wagner, le Met donnera les trois opéras de Puccini : Il Trittico (Le Triptyque) mis en scène par Jack O’Brien et conduit par Bertrand de Billy avec le couple ténor-soprano Marcelo Álvarez-Amber Wagner pour Il Tabarro, Kristine Opolais dans le rôle-titre de Suor Angelica et l'inénarrable Plácido Domingo dans un inhabituel rôle comique avec Gianni Schicchi (une production qui marque le centenaire de l'œuvre au Met). Quatre, trois, puis deux avec l'association entre Iolanta (Tchaïkovski) et Le Château de Barbe-Bleue (Bartók), dans une mise en scène de Mariusz Trelinski, une direction d'orchestre d'Henrik Nánási et avec la grande star Sonya Yoncheva.
Tosca reviendra également, dans la mise en scène de Sir David McVicar (retrouvez notre compte-rendu de cette production avec la prise de rôle de Sonya Yoncheva dans le cadre des diffusions Pathé live), cette fois avec Sondra Radvanovsky et Joseph Calleja.
Autre événement également du côté de la direction d'orchestre, mais également de la prima donna :
les débuts de Gustavo Dudamel au Met, dirigeant la Desdemona Sonya Yoncheva avec Stuart Skelton en Otello et Željko Lučić en traître Iago (une mise en scène de Bartlett Sher).
Mozart est bien entendu présent, avec la grande Joyce DiDonato pour La Clémence de Titus. Un trio masculin portera pour sa part Don Giovanni : le baryton Peter Mattei, le baryton-basse Luca Pisaroni et la basse Ildar Abdrazakov (une production qui donnera également au ténor français Stanislas de Barbeyrac l'occasion de débuter au Met, dans le rôle de Don Ottavio). Ils seront accompagnés par Aida Garifullina en Zerlina.
Enfin, Mefistofele de Boito qui est à l'affiche des Chorégies d'Orange cet été, reviendra au Met dans la mise en scène de Robert Carsen pour la première fois depuis l'an 2000. Le baryton-basse Christian Van Horn tiendra le rôle-titre diabolique, avec le ténor Michael Fabiano en Faust et la soprano Angela Meade pour Marguerite.
Si Samson et Dalila de Saint-Saëns ouvre le bal en septembre, la saison se clôture avec Le Crépuscule des dieux de Wagner et les Dialogues des Carmélites de Poulenc, dont la guillotine, tel le mot de la fin, tombe sur la dernière Carmélite et achève une année exceptionnelle.