Jupiter et Requiem au TCE
L’Orchestre symphonique de Hongrie-Miskolc dirigé par Quentin Hindley présente au public du Théâtre des Champs-Élysées un concert dédié à Mozart, dans une production Les Grandes Voix. La première partie permet d’apprécier le travail de la phalange, sur une musique très imagée. Le chef, par des gestes amples et une battue claire et vive, parvient à différencier les différents plans musicaux, conduisant cette première partie sans partition. Les cuivres offrent des élans divins et impériaux tandis que les timbales offrent un son moelleux sur lequel rebondissent les archets des cordes, glissant avec une délicatesse olympienne. Toutefois, les violons appuient chaque note, privant la partition mozartienne de sa légèreté. À l’inverse, les accents, pas assez secs, et les nuances, parquées entre le mezzo piano et le mezzo forte, tendent à raboter le relief de la symphonie.
La star de la seconde partie est le Chœur Cantemus, préparé par Soma Szabo. Les femmes sont habillées dans de magnifiques robes rouges tandis que les hommes revêtent des costumes noirs. Les choristes se balancent d’un pied sur l’autre tandis qu’ils chantent, générant des flux et reflux captivants. Plusieurs attaques sont approximatives et les aigus restent tendus, chez les pupitres masculins aussi bien que féminins. Mais leurs voix se mêlent dans un son angélique, les graves des basses servant de promontoire aux aigus intenses des sopranes. Dans le Confutatis, aux dissonances des hommes répond la douceur consolatrice des femmes. Les courses-poursuites de leurs entrées en imitation vocalisantes sont bien en place rythmiquement et sont menées avec un grand sens musical, jusqu’à l’humble douceur de l’Agnus Dei et au crescendo accentué de la note finale.
Sylvia Schwartz incarne la partie soprano. D’abord très tendue, tant physiquement que vocalement, elle montre une belle agilité et une projection étroite mais nuancée. Avec le temps, elle parvient à se détendre : son timbre gagne en rondeur et sa voix en ampleur. Certes, les graves de son Recordare ne lui sont pas naturels, mais elle vit profondément le Benedictus, libérant alors totalement sa voix. La mezzo-soprano Elodie Méchain est à sa gauche. Parfaitement audible avec son timbre velouté dans les passages solistes, sa voix disparaît dans les ensembles. Son vibrato frémissant est rapide et de très faible amplitude.
Du côté des hommes, le ténor Zoltan Megyesi se tient près du baryton-basse Marcell Bakonyi. Le premier expose une voix mozartienne typique, lumineuse et ancrée très haut, disposant malgré tout d’une réelle épaisseur et d’une agilité adéquate pour les passages vocalisants. Quant au second, il constitue une solide base pour les ensembles, de sa voix aux graves sûrs et puissants, à la fois sépulcraux et lumineux, vibrants et menaçants. Il fait preuve de sensibilité, distillant un phrasé très expressif et énergique. Cet habitué de l’Opéra d'État hongrois est sans doute une Grande voix en devenir. À suivre (en cliquant sur son nom et en l'ajoutant à vos favoris) !