Opéra de Paris, saison 2018/2019 : le programme anniversaire détaillé
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L'événement du début de saison sera le Grand Opéra de Meyerbeer : Les Huguenots, à Bastille en octobre. La saison 2018/2019 célèbre en effet le 350e anniversaire de l’Opéra de Paris et Les Huguenots, représenté à l’inauguration du Palais Garnier, n’a plus été donné à Paris depuis sa 1.118ème représentation, le 28 novembre 1936. La mise en scène a été confiée à Andreas Kriegenburg, la direction musicale à Michele Mariotti et Lukasz Borowicz. Pour un tel événement, l'institution a déclaré vouloir réunir un plateau d'exception, les interprètes seront : Bryan Hymel (Raoul), Diana Damrau (Marguerite de Valois), Ermonela Jaho (Valentine), Karine Deshayes (Urbain), Patrick Bolleire (Thoré, Maurevert), Nicolas Testé (Marcel), Florian Sempey (Nevers), Julie Robard-Gendre, Cyrille Dubois, François Rougier ou encore Tomislav Lavoie.
L'autre immense événement de la saison ouvrira l'année 2019 et marquera en même temps que les 350 ans de la maison, le 150ème anniversaire de la disparition de Berlioz mais également les 30 ans de Bastille avec l'immense opéra qui inaugura la salle : Les Troyens. Paris a confié l'événement au controversé Tcherniakov et la direction à l'unanime Jordan. Comme à Strasbourg, il s'agit de proposer une distribution exceptionnelle pour une occasion si rare, les figures héroïques seront donc Stéphanie d'Oustrac (Cassandre), Elina Garanca, (Didon), Bryan Hymel (Énée),Véronique Gens (Hécube), Stéphane Degout (Chorèbe), Cyrille Dubois (Iopas), parmi de nombreux autres.
Le troisième événement d'exception programmé pour cette saison se situe du côté de la distribution vocale : la Tosca d'Anja Harteros puis Sonya Yoncheva avec Jonas Kaufmann (le plus grand ténor et la plus grande soprano au monde, avant un duo Martina Serafin et Marcelo Puente) avec le Scarpia de Željko Lučić et Luca Salsi, le tout dirigé par Dan Ettinger dans la reprise de la production signée Pierre Audi.
Pour célébrer les trois siècles et demi de vitalité et de grand répertoire lyrique, l'Opéra de Paris proposera également des reprises de mises en scènes célébrées, mais aussi une œuvre associant la création contemporaine et le style emblématique de l'art français : la tragédie classique. En octobre sera ainsi créée à Garnier Bérénice d'après Racine et composé par Michael Jarrell (compositeur suisse né en 1958 qui s'était déjà attelé à deux figures anciennes pour deux opéras : Cassandre créé le 4 février 1994 au Châtelet et Galilei créé le 25 janvier 2006 à Genève), mis en scène par l'habitué des lieux Claus Guth avec Barbara Hannigan et Bo Skovhus.
Philippe Jordan dirigera ainsi sa première création mondiale à l'Opéra de Paris et à nouveau deux productions simultanées à Garnier et Bastille, car il aura ouvert la saison le 11 septembre par une reprise du Tristan et Isolde de Wagner dans la mise en scène Peter Sellars (production célèbre pour son utilisation de la vidéo par Bill Viola). Le couple tragique sera interprété par Andreas Schager et Martina Serafin, entourés de trois grands interprètes : René Pape en Roi Marke, Matthias Goerne pour Kurwenal et la Brangane d'Ekaterina Gubanova.
La Traviata de Verdi par Benoit Jacquot est à l'affiche de Bastille, elle sera reprise dès la saison prochaine sur pas moins de 17 dates ! Aleksandra Kurzak interprétera ce rôle mythique tout au long du mois d'octobre. L'autre Violetta sera Ermonela Jaho, au mois de décembre. Alfredo sera incarné par Jean-François Borras puis Charles Castronovo (et Roberto Alagna pour une date face à sa compagne), tandis que George Gagnidze et Luca Salsi se partageront le rôle de Giorgio Germont, qui reviendra à Ludovic Tézier en décembre.
L'Élixir d'amour sera lui aussi repris, dans la mythique mise en scène de Laurent Pelly, sous la direction musicale de Giacomo Sagripanti, alternant avec Vittorio Grigolo et Paolo Fanale (Nemorino), Lisette Oropesa et Valentina Nafornita (Adina) ainsi qu’Étienne Dupuis (Belcore) et Gabriele Viviani (Dulcamara).
Ludovic Tézier a prouvé en Rodrigue, s'il en était encore besoin, qu'il est le grand baryton verdien de sa génération. Il enchantera donc le public en Simon Boccanegra, avec Maria Agresta et Anita Hartig (Amelia), Mika Kares (Fiesco), Nicola Alaimo (Paolo), Francesco Demuro (Adorno), dans une nouvelle production d'un autre metteur en scène parfois controversé, Calixto Bieito.
Autre production nouvelle, autre metteur en scène sulfureux, Romeo Castellucci s'attaquera au Premier Homicide de l'histoire (Cain, overo Il primo omicidio) de Scarlatti en janvier-février avec le B'Rock Orchestra dirigé par René Jacobs et pour solistes : Birigitte Christensen (Eva), Kristina Hammarström (Caino) et Olivia Vermeulen (Abel).
La Cenerentola qui avait marqué les débuts à l'opéra de Guillaume Gallienne sera reprise avec les Ramiro et Dandini de Brownlee et Sempey (le français qui s'impose décidément dans le répertoire rossinien), Crebassa en Angelina, Corbelli en Magnifico, Skerath en Clorinda, Druet en Tisbe, sous la direction d'Evelino Pido.
Après tant de nouvelles productions, suivront pas moins de huit reprises sur les neuf spectacles suivants, certaines acclamées, d'autres plus contestées. D'abord, la magnifique Rusalka de Dvořák par le metteur en scène acclamé Robert Carsen reviendra sous la direction de Susanna Mälkki et avec Camilla Nylund dans le rôle-titre, Klaus Florian Vogt (Le Prince), Karita Mattila (La Princesse étrangère).
Autre reprise en vue, celle d'Otello de Verdi par Serban mettant en scène le couple vedette Aleksandra Kurzak et Roberto Alagna (un rôle-titre qu'il prit triomphalement aux Chorégies d'Orange en 2014) alternant avec Aleksandrs Antonenko et Hibla Gerzmava, accompagnés de George Gagnidze et Frédéric Antoun, le tout dirigé par Bertrand de Billy.
Don Pasquale de Donizetti mis en scène par Michieletto reviendra lui aussi très vite sur la scène de Garnier. L'ayant quittée en juillet 2018, il y reprendra du service à partir de mars 2019 sous la baguette de Michele Mariotti avec Pretty Yende, Javier Camarena, Michele Pertusi et Mariusz Kwiecień.
Inaugurant une collaboration avec le Bolchoï, Lady Macbeth de Mtsensk composé par Chostakovitch, censuré par l'URSS en 1936 et retravaillé par son compositeur en 1958, fera peut-être de nouveau scandale avec la nouvelle mise en scène de Warlikowski.
Roberto Alagna reviendra camper le Don José imaginé par Calixto Bieito (15 dates s'ajoutent aux 25 représentations de la saison dernière !), cette fois avec la Carmen d'Anita Rachvelishvili (les deux immenses interprètes avaient participé à la production de l'année dernière, mais lors de dates séparées, leur rencontre sera assurément atomique). Le ténor délaissera même cette fois sa femme à la ville pour la Micaëla de Nicole Car. L'autre cast proposera en alternance Jean-François Borras, Ksenia Dudnikova et Anett Fritsch, toutes les dates offrant le toréador à Roberto Tagliavini ainsi que la direction d'orchestre Lorenzo Viotti.
La Flûte Enchantée avait pour sa part été appréciée dans la vision de Robert Carsen en janvier 2017 (notre compte-rendu), elle sera défendue en avril, mai et juin par le chef Henrik Nanasi avec Julien Behr (Tamino), Florian Sempey (Papageno), Chloé Briot (Papagena), Vannina Santoni (Pamina), Jodie Devos (Reine de la nuit), ainsi que Chiara Skerath, Julie Robard-Gendre et Elodie Méchain pour les trois dames.
Opus unanimement accueilli de Tcherniakov, le diptyque opéra/ballet Iolanta/Casse-Noisette sera repris et dirigé par Tomas Hanus, avec Artur Rucinski, Valentina Nafornita, Ain Anger et Dmytro Popov.
La saison se refermera à Bastille sur La Force du destin, reprise de Jean-Claude Auvray dirigée par Nicola Luisotti avec Anja Harteros et Elena Stikhina, Carlo Cigni, Željko Lučić, Brian Jagde, Varduhi Abrahamyan, Rafal Siwek, Gabriele Viviani, Rodolphe Briand.
Enfin, une nouvelle production de Don Giovanni sous la direction de Philippe Jordan pour continuer le cycle Mozart-Da Ponte, avec un homme de théâtre, Ivo Van Hove (qui aura monté Macbeth de Verdi à Lyon et Boris Godounov de Moussorgski à Bastille) après une chorégraphe (Keersmaeker pour Così fan tutte). Philippe Sly, grand interprète mozartien actuel (à retrouver ici en interview Ôlyrix) et désormais habitué du rôle-titre tiendra cette fois le rôle de Leporello aux côtés du Don Giovanni d'Étienne Dupuis. Ain Anger et Jacquelyn Wagner les confronteront en Donna Anna, à côté de Nicole Car (Elvira), Elsa Dreisig (Zerlina) et Stanislas de Barbeyrac (Don Ottavio). Enfin, Mikhail Timoshenko, lauréat de l'Académie in loco et héros du documentaire L'Opéra continue à prendre du galon, en incarnant Masetto dans cette production à l'Opéra Garnier. Les artistes de l'Académie inaugureront d’ailleurs un partenariat avec un autre lieu culturel, se rendant à la MC93 de Bobigny pour interpréter La Chauve-Souris de Johann Strauss II, une version pour septuor instrumental avec piano dirigée par Fayçal Karoui et mise en scène par Célie Pauthe.
Ainsi s'achèvera la saison 2018/2019, mais l'Opéra de Paris a également annoncé les premiers spectacles de la saison 2019/2020 ! Une nouvelle mise en scène de Traviata signée Simon Stone viendra tout d'abord remplacer celle de Benoit Jacquot, avec une distribution en vue : Pretty Yende et Nino Machaidze en Violetta, Benjamin Bernheim et Atalla Ayan en Alfredo, Ludovic Tézier et Jean-François Lapointe en Germont.
Tandis que cette Traviata enchantera Garnier, une autre production nouvelle investira Bastille pour célébrer de nouveau l'esprit français en cette année 2019 anniversaire : Les Indes galantes de Rameau par le jeune Clément Cogitore, sous la direction de Leonardo García Alarcón. Les voix seront portées par la fine fleur du chant français : Sabine Devieilhe, Florian Sempey, Jodie Devos, Edwin Crossley-Mercer, Julie Fuchs, Mathias Vidal, Alexandre Duhamel, Stanislas de Barbeyrac.
Enfin, une carte blanche à Clément Poésy Autour des madrigaux de Monteverdi en octobre à Garnier précédera la nouvelle production du Prince Igor de Borodine, réalisée par Barrie Kosky et dirigée par Philippe Jordan avec Anita Rachvelishvili, John Relyea, Pavel Cernoch et Elena Stikhina.