Max Emanuel Cenčić, Directeur artistique du Bayreuth Baroque Opera Festival : « une approche vitaliste de la culture »
Max Emanuel Cenčić, comment avez-vous découvert le lieu de votre Festival Baroque à Bayreuth : cet Opéra des Margraves et son histoire ?
J'ai eu le plaisir de chanter pour la première fois dans cet opéra en 2004, pour une très belle production de La Fida ninfa de Vivaldi dans le cadre du Festival Sans Souci. Nous étions en coproduction avec le Festival Bayreuth Barock qui existait déjà en ce temps là. C'est ainsi que j'ai découvert ce Théâtre qui a ensuite fermé pour une dizaine d'années de travaux, et pour la réouverture en 2018 j'ai été invité à présenter Siroe de Hasse que je mettais en scène et chantais avec beaucoup de succès (renforçant des liens historiques car Hasse était un proche ami de Wilhelmine de Prusse, margravine de Bayreuth où il était souvent invité en son temps). Nous avons ainsi recommencé à parler de ce Festival qui n'existait plus et nous avons pu relancer le Festival, inauguré en 2020. Il s'appelait Bayreuth Barock à l'allemande, ce nouveau Festival s'appelle Bayreuth Baroque avec une touche internationale.
Qu'avez-vous ressenti en découvrant ce lieu ?
L'effet que produit un lieu spectaculaire : il est dommage qu'il soit peu connu car c'est un des plus beaux opéras à l'italienne du XVIIIe siècle au monde. De nombreux théâtres de cette époque existaient à travers l'Italie mais ils sont souvent désormais détruits ou incomplets, en raison de changements apportés au XIXe siècle. Ce Théâtre à Bayreuth est originel et en cela original pour une raison historique particulière : la Principauté ayant été vendue au Roi de Bavière à la fin du XVIIIe siècle, le dernier Prince a donc décidé de partir vivre avec sa maîtresse en Angleterre. Il ne voulait donc plus revenir à Bayreuth et la Principauté de Bayreuth et d'Erlangen est devenue une province oubliée, ce qui a préservé ce Théâtre. Bayreuth est redevenu célèbre à travers le monde lorsque Wagner y a fondé son Festival, sauf que Wagner est venu à Bayreuth parce qu'on lui avait conseillé d'initier son Festival dans ce Théâtre des Margraves. Wagner a apprécié la grandeur de la scène mais il voulait son propre théâtre, son propre lieu avec sa propre architecture de la fosse et de l'acoustique.
Le Roi Louis II de Bavière a donc fait construire à Wagner son Festspielhaus (Palais des Festivals) sur les plans de Gottfried Semper, préservant là encore l'identité et la quiétude de l'Opéra des Margraves qui a très peu servi aux XVIIIe et XIXe siècles (hormis pour quelques concerts et spectacles). C'est aujourd'hui un Musée que nous faisons revivre chaque année avec des opéras très peu connus, exhumés des bibliothèques : c'est un travail muséal dans la production d'art vivant.
Avez-vous de fait des échanges avec le Festival Wagner ?
Quelque peu, mais nous sommes deux organisations privées avec des répertoires très différents. Les restrictions du Covid et certaines maladies n'ont pas aidé mais je n'exclus rien : nous partageons le soutien des mêmes institutions et entités. Cette année, pour l'ouverture de notre Festival le 7 septembre, le Premier Ministre de Bavière M. Markus Söder va organiser une réception d'État en notre honneur (de la même manière que pour le Festival Wagner).
La période de votre Baroque Bayreuth Festival qui dure 11 jours à partir du premier mercredi de septembre permet-elle ainsi de bien enchaîner après le Festival Wagner qui se termine fin août ?
Cela nous donne en effet le temps nécessaire de nous installer, de préparer, de lancer le Festival (et à une période où les prix des hôtels sont bien plus abordables).
Savez-vous si vous avez du public commun ?
Absolument, un certain nombre de Wagnériens prolongent leur séjour ou reviennent pour notre Festival.
Le Festival d'Opéra Baroque de Bayreuth se déroule donc bien entendu à l'Opéra des Margraves, mais aussi à l'Orangerie du Château de l'Ermitage, à l'Eglise du Château, à l'Eglise de la ville de Bayreuth, à l'Eglise de l'Ordre Saint-Georges. Qu'apporte cette richesse de lieux au Festival et réciproquement ?
Bayreuth est une ville Baroque que le Festival permet d'explorer avec ces différents lieux de concerts. La ville dispose de plusieurs résidences et châteaux remarquables, ainsi que de nombreuses églises, le nouveau Palais et le Château de l'Ermitage sont accessibles au public comme des musées, l'Orangerie dispose d'un Temple à Apollon pour des concerts et événements très intimes : tous ces lieux résonnent en musique. Bien entendu bâtir un Festival consiste à nous entendre avec les institutions patrimoniales qui gèrent ces lieux : j'encourage et je soutiens beaucoup la politique locale qui consiste à pousser des initiatives pour continuer de déployer notre art. La première réponse est souvent nein et puis nous montrons toute la beauté de nos projets qui sont aussi historiques et patrimoniaux. Les châteaux et les églises doivent aussi vivre, avec ce que nous leur apportons. Nous avons une approche vitaliste de la culture, une philosophie qui promeut la richesse du patrimoine en impliquant les personnes et les lieux dans les spectacles de ces endroits merveilleux, pour en souligner toutes les beautés (à l'opposé d'un patrimoine muséal silencieux et intouchable).
Avez-vous la même approche en tant que Directeur et metteur en scène pour vos recréations mondiales d'opéras qui sont présentés dans des mises en scène ayant aussi des références modernes ?
Faire rêver, faire voyager
Pour moi, la mise en scène est une libération de l'expression artistique. Je n'ai jamais voulu recréer par la mise en scène mais comprendre le livret et mettre parfois l'histoire en parallèle à travers différentes références temporelles. J'ai l'impression que l'histoire se répète, de manière étrange : il y a de nombreux parallèles entre l'Empire Romain et l'époque contemporaine, entre le Moyen-Âge et le XVIIIe siècle. L'opera seria en général n'est pas historiquement précis sur la date et le lieu de son action, pour se concentrer sur le drame. Qu'il se déroule en Grèce, à Rome, en Lombardie ou encore en Inde : tout cela n'est que décor pour raconter une histoire et des passions. Ce décor peut donc changer et s'adapter pour offrir aux spectateurs un imaginaire. Je pose mes histoires dans mes mises en scène dans des lieux exotiques : j'ai ainsi installé Carlo il Calvo à Cuba dans les années 1920. On pourrait bien se demander pourquoi y installer une histoire médiévale, mais on pourrait se demander aussi pourquoi -ou pourquoi pas- l'installer au XVIIIe siècle, à l'époque de sa composition où bien entendu cette histoire a été choisie parce que des enjeux résonnaient : l'idée est de faire rêver les gens par une histoire éloignée de notre réalité. Nous avons la richesse de tous ces siècles qui peuvent nous faire voyager.
Pouvez-vous déjà nous dire comment nous rêverons et voyagerons avec votre mise en scène d'Alessandro nell'Indie de Leonardo Vinci que vous proposerez en re-création mondiale (inédite depuis 1740) ?
Alessandro nell'Indie est un livret écrit par Métastase qui n'a jamais été en Inde (pas plus que les autres artistes liés à cette œuvre ou spectateurs de l'époque). C'est une rêverie, un fantasme de l'Inde par l'Europe. Cela m'a rappelé le Royal Pavilion à Brighton dont l'architecture est exactement la même chose : l'Inde exotique imaginée par l'Europe et qui n'est ni indienne, ni chinoise, ni anglaise mais une idée, une rêverie. Sur scène, je mettrai donc une reconstruction de ce Royal Pavilion à l'occasion d'une fête pour le Roi d'Angleterre George IV dans laquelle des acteurs jouent pour lui l'histoire d'Alexandre le Grand en Inde. C'est le Roi d'Angleterre lui-même qui reprendra le rôle d'Alexandre (comme Marie-Antoinette pouvait le faire en jouant et chantant dans son petit Théâtre de la Reine à Versailles pour s'amuser amicalement à la Cour). En même temps, un chorégraphe de Bollywood ordonnera tous les airs avec les mouvements de danse indiens pour obtenir cet étonnant mélange entre les lieux et les époques et les arts, un mix quelque peu surréaliste mais qui est aussi celui de l'œuvre. L'histoire raconte les disputes sempiternelles de Cleofide et Poro, celui-ci étant très jaloux et amoureux, avant de se marier à la fin (un peu comme une histoire Bollywoodienne).
La distribution sera entièrement masculine, et composée de chanteurs déjà habitués du Festival et de vos castings (Franco Fagioli, Bruno De Sá, Jake Arditti, Dennis Orellana, Stefan Sbonnik et Nicholas Tamagna). Les avez-vous choisis avec évidence pour cet opéra ressuscité ?
Alessandro nell'Indie sera dans une version romaine avec les rôles féminins chantés par des hommes. Ce n'est pas pour moi une règle de faire ainsi (nous avions chanté Carlo il Calvo avec un casting mixte), c'est un choix complexe car il ajoute la difficulté de trouver un tel nombre d'excellents chanteurs pour ce type d'opéra. Récemment j'ai eu le plaisir de découvrir un nouveau sopraniste, Dennis Orellana, qui m'a beaucoup inspiré, et de fait nous disposons d'un casting stellaire permettant de faire très facilement ce type d'opéras.
Est-ce la raison pour laquelle vous avez aussi choisi un casting entièrement masculin pour le San Giovanni Battista d'Alessandro Stradella, que vous incarnerez aux côtés de Maayan Licht, Jake Arditti, Sreten Manojlović et Stefan Sbonnik ?
Oui et car il était chanté ainsi à l'origine. J'aime beaucoup cet oratorio extraordinaire, très beau. J'avais envie de le faire mais avec un casting très inattendu (ce n'est pas ainsi qu'il est connu). Nous faisons les choses un peu différemment à Bayreuth, et nous ferons d'ailleurs ce concert à la bougie.
L'autre version de concert, et qui comme Alessandro nell'Indie sera une résurrection mondiale, est La Griselda de Giovanni Bononcini où vous chanterez également, pouvez-vous nous présenter cette œuvre ?
Parmi les opéras de Bononcini, La Griselda fut l'un de ses plus grands succès, avec des reprises pendant 10 ans à Londres (la première eut lieu en 1722, il s'agit donc de son tricentenaire), mais malheureusement les récitatifs étaient perdus. Charles Burney était le dernier à posséder la partition intégrale de Griselda mais nous en avons perdu la trace suite à une vente aux enchères au XIXe siècle. Il nous reste des partitions imprimées mais sans les récitatifs : avec son livret, les airs, chœurs, sinfonie. Nous avons donc demandé au musicologue Dragan Karolić de recomposer des récitatifs suivant l'esthétique de Bononcini, sur le texte du livret : nous avons ainsi une reconstruction moderne de l'opéra (avec les airs originaux). Nous l'avons déjà présenté à Breslau en Pologne et cet opéra, très court pour un opéra baroque car il ne dure que 2h30, a rencontré un grand succès.
Comment avez-vous choisi les interprètes qui vous entoureront pour cette Griselda : Sonja Runje, Johanna Rosa Falkinger, Dennis Orellana et Sreten Manojlović ?
En analysant chaque rôle, les demandes vocales pour trouver des chanteurs de talents pour ce faire, et avec des artistes qui correspondent aussi aux caractères particuliers de ces personnages. Cet opéra est très doux et contrasté : Gualtiero et Griselda sont déjà un peu âgés tandis que les deux autres rôles (leur fille Almirena et Ernesto) sont des enfants d'une quinzaine d'années. La dynamique entre le vieux couple et les adolescents (avec le méchant Rambaldo) donne un air de conte de fées, parfois très mignon.
Vous célébrerez vos 40 ans sur scène par un concert le 10 septembre. Que retenez-vous de ces 40 ans de carrière ?
Plein de folies. J'ai commencé à chanter à six ans, à la télévision et je suis ensuite arrivé à Paris en 1981. J'ai fait une tournée avec la Sorbonne pour la Passion selon Saint Jean de Bach dirigée par Jacques Grimbert, et une tournée en Espagne pour la Semaine Sainte : c'est un autre temps. J'ai depuis fait beaucoup de choses mais ce concert des 40 ans est dédié à Senesino, le plus important castrat de Haendel dont il a chanté plus d'une vingtaine d'opéras dans une relation artistique très turbulente : ils s'aimaient et se détestaient mais en construisant musicalement un catalogue fabuleux. Haendel a écrit des chefs-d'œuvre pour Senesino, et Senesino a pleinement incarné ce qu'Haendel a composé pour lui. J'ai donc bâti un grand projet autour de Senesino en choisissant une trentaine d'airs, extraits de presque tous les opéras qu'il a chantés, parmi les plus beaux et les plus difficiles. J'en ai enregistré une partie, disponible en streaming, mais l'autre partie sera dévoilée dans ce concert des 40 ans. C'est un programme avec quelques airs connus, d'autres moins et surtout cela donnera au public une belle image et impression vocale de ce chanteur et du savoir-faire du compositeur.
Est-ce cette richesse qui permet aussi de représenter vos quarante années de carrière ?
La réinvention d'un artiste est essentielle
Il est impossible de chanter 40 années de répertoire : ma voix et mon catalogue ont tellement changé que je ne vais pas chanter les premiers morceaux que j'ai interprétés dans les années 1980. Ce n'est pas comme Dalila qui pourrait fêter ses 40 ans avec un best-of remontant à ses premiers tubes. Un chanteur d'opéra doit véritablement évoluer avec le temps : un changement de répertoire et de voix est sain (la pire des choses est une voix qui chercherait toujours à conserver des morceaux de jeunesse, d'un jeune personnage dont elle n'a plus la voix). La réinvention d'un artiste est essentielle : ce que je chante cette année, je ne le chanterai plus dans 10 ans. Il faut aussi accepter que rien n'est éternel, j'en suis conscient et je trouve même que c'est une belle chose. Si vous me demandez aujourd'hui si je voudrais revenir à mes 20 ans, je dirais non car je me sens plus heureux encore aujourd'hui, dans ma vie personnelle aussi. De si belles choses viennent avec la maturité, permettant de profiter davantage de la vie car nous avons plus de choix, plus facilement, sur nos actions.
Est-ce aussi lié à votre travail de transmission, avec vos fonctions de Directeur artistique mais aussi d'agent et de producteur vous permettant de lancer des jeunes artistes et de transmettre des rôles ?
Bien entendu et je fais cela depuis longtemps. Mon agence n'a pas une taille démesurée mais une quarantaine ou une cinquantaine d'artistes permet d'avoir de très beaux projets.
Le programme du Festival est très riche avec parfois plusieurs concerts prestigieux chaque jour, quels liens nouez-vous par ces différents rendez-vous ?
C'est un programme sensuel, visant à faire découvrir aux gens les lieux, et vivre des moments musicaux avec différentes impressions. Je ne cherche pas à focaliser la programmation sur un thème particulier : c'est trop cérébral et cela entraîne trop de restrictions. J'aime me nourrir et me saisir des personnalités des artistes qui se produisent chez nous. Parfois, c'est aussi une question de chance et d'opportunité (certains artistes n'ont pas la possibilité de venir chez nous pour des questions d'engagements ou de calendrier). Les choses se font donc aussi par le destin : pour Jeanine de Bique c'est ainsi le cas. Nous avons Yannis François en ami en commun avec lequel j'échangeais, j'ai ainsi parlé avec elle : elle voulait venir, quelques mois plus tard son agent me dit qu'il y a une possibilité dans le cadre d'une tournée avec Concerto Köln alors je leur ai dit de venir. Une programmation de festival n'est pas du shopping où on choisit ce qu'on va prendre. C'est une rencontre qui advient ou qui n'advient pas.
Pour l'édition 2022, le {oh!} Orkiestra Historyczna sera en résidence au Bayreuth Baroque Opera Festival. Qu'est-ce que cela représente et quels en sont les enjeux ?
J'ai travaillé avec différents orchestres à travers le monde, rencontré des orchestres indépendants baroques d'une qualité extraordinaire, et très internationaux (avec des musiciens de tous pays qui se réunissent dans ces phalanges). Mais de fait, sachant aussi que les projets et les budgets pour l'opéra baroque sont tellement limités, il est difficile pour ces ensembles indépendants de construire et poursuivre ensemble une grande collaboration.
Je souhaite donc que mon Festival soit un hôte pour des orchestres internationaux. Nous l'avons fait pour Armonia Atenea de George Petrou, cette année c'est {oh!} Orkiestra Historyczna de Martyna Pastuszka, l'année prochaine ce sera Concerto Köln. Et chaque année, un orchestre d'un autre pays viendra chez nous logiquement pour une grande production d'opéra et des concerts afin d'enchaîner plusieurs projets deux semaines durant (ce qui permet aux musiciens de profiter davantage du lieu, d'avoir plus de visibilité, de cachets aussi et de travail ensemble). Je cherche ainsi ce bel équilibre entre ce que le Festival donne aux musiciens et ce qu'il leur permet de montrer au public. Bayreuth et nos lieux de concerts ne sont pas démesurés, mais ils attirent un public international et nos partenariats média avec Mezzo, Medici et Arte permettent de proposer des retransmissions télévisées en direct et en streaming, avec aussi des retransmissions à la radio.
Votre objectif est-il toujours de développer le Festival, qu'il dure même durant tout le mois de septembre ?
Tout à fait, j'ai toujours dit que mon objectif est de développer ainsi le Baroque Bayreuth Festival. Le Festival Wagner a un budget de 25 millions d'euros tandis que j'ai 1,9 million de budget, il nous faut donc encore dix fois plus [sourires] ! Mais un jeune Festival, c'est un bébé, qu'on fait grandir pour devenir marathonien (ou au moins au fil de dix années). Chaque année, je travaille sur l'excellence et la présence persistante de ce Festival, en visant la qualité maximale avec des excellents artistes tout en entretenant les liens avec les politiques et les mécènes pour les convaincre à investir davantage.
Les Festivals en France ont bénéficié de soutiens financiers de l'État et du public face au Covid, quelle a été la situation pour vous en Allemagne ?
Nous avons également été soutenus, et au maximum. Le Premier Ministre a même salué le grand succès de notre Festival.
Avez-vous senti un découragement ou des doutes, vous qui avez lancé un Festival l'année où s'est abattu le Covid ?
On peut toujours craindre ou douter, mais alors il faudrait se demander ce que nous ferions si une bombe atomique nous tombe dessus. Il ne sert à rien d'être fataliste, si quelque chose ne fonctionne pas, il faut le faire autrement et faire ce qu'on peut.
Si c'était à refaire, feriez-vous des choses différemment, vous donneriez-vous des conseils particuliers à vous-mêmes ?
C'est l'endroit parfait
Non, j'aurais même aimé avoir ce Festival plus tôt mais le lieu était fermé pour restauration. C'est l'endroit parfait pour tout ce que je fais et c'est un point culminant de tout mon travail. C'est idéal : depuis 15 ans je pratique l'opera seria et c'est la maison dans laquelle je peux continuer mon travail de découverte et de voyages dans cet univers. Je suis heureux d'avoir ce privilège de pouvoir présenter chaque année des opéras et concerts de mon choix dans un tel lieu. C'est même un rêve, tant il est difficile de convaincre les maisons d'opéras de se lancer dans des productions et coproductions. Chacun a sa philosophie, son idée, ses envies, ses doutes (notamment pour savoir si tel opéra va remplir, et alors l'opera seria inquiète par rapport à un grand titre du répertoire). Le monde de l'opéra prend alors le risque de ne pas prendre de risque et de toujours présenter la même chose. Disposer ainsi de mon propre Festival avec son répertoire, son public, son budget, son lieu (tout ce pour quoi les ensembles et les artistes se battent), c'est extraordinaire.