L’Académie des Beaux-arts remet le Prix Liliane Bettencourt
Dans la cour de l’Institut de France, la Garde républicaine accueille les invités à la séance solennelle de l’Académie des Beaux-arts. C’est sous les roulements de deux de leurs tambours que paraissent les membres de l’institution, parés de leur habit vert et (pour certains), de leur épée. Si l’Académie remet des prix à l’ensemble des arts qu’elle représente (peinture, sculpture, architecture, gravure, composition musicale, création dans le cinéma et l’audiovisuel et photographie), la musique est particulièrement bien représentée puisque la compositrice Édith Canat de Chizy préside l’institution tandis qu’un autre compositeur, Laurent Petitgirard, en est le Secrétaire perpétuel.
Après un hommage appuyé de la première à Ousmane Sow et Jeanne Moreau, membres de l’Académie décédés l’année passée, la Maîtrise de Toulouse, lauréate du Prix Liliane Bettencourt (et qui sortira un CD au mois de décembre), interprète quatre pièces, de Bouzignac, Kodaly et Duruflé, sous la direction de Mark Opstad. Les voix angéliques des enfants, vêtus de chemises blanches et habits noirs, s’envolent sous la coupole, au rythme des « r » roulés avec entrain. Fendant l’air, les très purs aigus sont projetés avec clarté par les chérubins. Dans la deuxième pièce, le chant bouche fermée est vibrant. Les chanteurs, très concentrés, ne quittent pas leur chef du regard. Même lorsque la partition se fait rythmiquement complexe dans le troisième morceau (qui fait penser à certains égards à Carmina Burana de Carl Orff, les lignes mélodiques restent précises et bien équilibrées entre les pupitres, construisant ainsi des plans sonores à la fois distincts et complémentaires.
À la suite de ce moment de magie, les 50 prix décernés par l’Académie sont remis par le Vice-Président Patrick de Carolis (PDG de France Télévision entre 2005 et 2010), interrompu par la création du concerto pour violoncelle et orchestre à cordes Clair Obscur de Charles Chaynes, interprété par Damien Ventula et l’Orchestre Colonne sous la direction de son directeur Laurent Petitgirard. Après avoir également interprété le premier mouvement de la IVème Symphonie de Beethoven, le maestro livre également une présentation d’El Sistema (dont nous vous parlions justement il y a peu), appuyé par des extraits vidéos d’un reportage consacré à ce programme d’éducation musical vénézuélien.
À l’issue de cette cérémonie dédiée aux créateurs faisant vivre aujourd’hui l’art français sous toutes ses formes, les convives retournent à la vie normale, escortés par les gardes républicains au garde-à-vous, le sabre au clair. Non obscur, cette fois.