Argument
Scène 1
Trois ondines, les Filles du Rhin, gardent le trésor de leur père quand surgit d'une crevasse le Nibelung Alberich, qui leur clame son amour. Les nymphes se moquent de lui et de son physique disgracieux (« Weia ! Waga ! Woge, du Welle »). Un rayon de soleil fait alors resplendir l’Or du Rhin. Les ondines expliquent que cet or donnerait à son propriétaire un pouvoir sans limite s’il était forgé en anneau. Mais seul celui qui renonce à l’Amour a le pouvoir de forger l’anneau (« Lugt, Schwestern ! Die Weckerin lacht in den Grund »). Contre toute attente, Alberich, fou de colère, maudit l’amour qu’on lui refuse, se saisit du précieux trésor et se précipite vers son repère, le Niebelheim, avant que les nymphes n’aient pu le rattraper (« Der Welt Erbe gewänn' ich zu eigen durch dich ? »).
Scène 2
Au sommet d’une haute montagne, Wotan, le Roi des dieux, se repose aux côtés de sa femme, Fricka. Le premier contemple le Walhalla, sa demeure divine tout juste achevée, démonstration de sa puissance. Mais la seconde est inquiète : pour le construire, il a promis aux géants de leur donner sa sœur, Freia, déesse de l’amour et de la jeunesse éternelle. Wotan lui rappelle qu’il a dût offrir l’un de ses yeux en gage pour la conquérir, et que c’est elle qui l’a convaincu de faire construire le Walhalla, espérant ainsi le faire renoncer à parcourir le monde. Il lui révèle également n’avoir jamais eu l’intention de livrer Freia aux géants : le demi-dieu Loge, qui lui a conseillé ce marché, s’est d’ailleurs engagé à trouver une solution alternative (« Wotan, Gemahl, erwache ! »). Justement les géants Fasolt et Fafner paraissent, réclamant leur dû. Mais les dieux Froh et Donner s’interposent (« Sanft schloß Schlaf dein Aug' »).
C’est alors que paraît Loge, le demi-dieu du feu. Ce dernier explique avoir parcouru le monde à la recherche d’une contrepartie aussi précieuse que Freia, mais n’avoir rien trouvé qui surpasse l’Amour, à part l’anneau forgé par Alberich dans l’Or du Rhin, et pour lequel ce dernier a justement renoncé à l’Amour (« Wie ? Welchen Handel hätt' ich geschlossen ? »). Tandis que Loge recommande à Wotan de récupérer l’anneau pour le rendre aux Filles du Rhin, Fircka lui conseille de s’en rendre maître. Mais finalement, les géants offrent d’échanger Freia contre l’anneau, dont ils craignent l’usage que les Nibelungen pourraient en faire contre eux : devant le refus de Wotan, ils emportent Freia en otage (« Törig bist du, wenn nicht gar tückisch ! »). Aussitôt, les dieux semblent vieillir et perdre de leur vigueur : c’est en effet Freia qui leur garantie la jeunesse éternelle. Loge seul, n’étant que demi-dieu, échappe à cette malédiction. Wotan résout aussitôt de plonger avec Loge vers le Nibelheim afin de subtiliser l’anneau magique (« Was sinnt nun Wotan so wild ? »).
Scène 3
Dans les forges souterraines du Nibelheim, Alberich rudoie son frère, Mime, qui a tenté de garder pour lui le heaume qu’il lui avait ordonné de forger : ce dernier donne à celui qui le porte le pouvoir de se rendre invisible ou de prendre l’aspect souhaité. Porteur de l’anneau et du heaume, Alberich se prépare déjà à asservir le monde entier (« Hehe ! Hehe ! Hieher ! Hieher ! Tückischer Zwerg ! »).
Loge et Wotan paraissent et trouvent Mime, qui se plaint : les Nibelungen ont été réduits en esclavage par le pouvoir de l’anneau détenu par Alberich (« Nibelheim hier : Durch bleiche Nebel »). Justement, ce dernier paraît, fulminant (« Hieher ! Dorthin ! Hehe ! Hoho ! »). Loge le flatte mais met en doute le pouvoir réel de son heaume : pour lui prouver sa puissance, Alberich se mue en un gigantesque serpent, puis reprend son apparence normale. Loge sous-entend alors qu’il lui semble plus facile de se changer en un être plus grand qu’en un être plus petit. Alberich rechausse alors son heaume pour apparaître en crapaud. Wotan et Loge en profitent pour se saisir de lui, voler son heaume et le ramener prisonnier, vers le grand air (« Was wollt ihr hier ? »).
Scène 4
Revenus à l’air libre, Wotan et Loge réclament d’Alberich l’ensemble de son trésor, y compris le heaume et l’anneau : le Nibelung enrage, mais ne dispose d’aucune alternative (« Da, Vetter, sitze du fest ! »). Mais, au moment d’être libéré et de retourner vers le Nibelheim, Alberich maudit l’anneau : dépourvu de son pouvoir, il apportera la mort à son propriétaire et provoquera une envie dévorante chez ceux qui s’en approcheront (« Bin ich nun frei ? Wirklich frei ? »).
Loge et Wotan rejoignent les autres dieux et leur annoncent leur succès. Les deux géants, Fasolt et Fafner, paraissent et réclament leur rançon : Wotan leur tend l’or dérobé à Alberich. Les géants n’étant pas satisfait, il leur donne aussi le heaume, mais refuse de céder l’anneau (« Lauschtest du seinem Liebesgruß ? »). Erda, Mère de la Terre, qui sait tout ce qui fut, est et sera, parait et alerte Wotan sur le danger que l’anneau maudit lui fait courir (« Weiche, Wotan ! Weiche ! »). Bien qu’intrigué et désirant en savoir plus sur son avenir, Wotan cède la bague. Aussitôt, les deux géants se disputent pour savoir qui la portera : Fafner poignarde son frère et s’empare du précieux anneau (« Soll ich sorgen und fürchten »). Wotan, pris d’effroi devant les effets de la malédiction de l’anneau, résout de retrouver Erda afin d’apprendre comment mettre fin à la malédiction (« Furchtbar nun erfind' ich des Fluches Kraft ! »). Le dieu Donner fait alors éclater un orage afin de dissiper les nuages, puis Froh bâtit une passerelle en arc-en-ciel : les dieux prennent possession du Walhalla (« Schwüles Gedünst schwebt in der Luft »). Loge, pressentant le crépuscule des dieux, décide de repartir de son côté. Au loin, les Filles du Rhin pleurent leur or volé (« Ihrem Ende eilen sie zu »).