Synopsis
Lakmé
En Inde, le Brahmane Nilakantha ne rêve que de chasser l'occupant anglais. Mais sa fille, Lakmé, tombe amoureuse de Gérald, un officier britannique qui tombe instantanément sous son charme.
Met Live Tosca
Création de l'opéra
Lakmé est indéniablement l’un des plus grands succès de l’Opéra Comique Made in France à la fin du XIXe siècle, et doit son triomphe (non seulement à Paris mais très vite dans les grandes maisons d’opéras européennes puis mondiales), à une conjonction de facteurs divers et variés : en premier lieu, il fallait trouver d’urgence un rôle sur mesure à la star du moment, l’américaine Marie Van Zandt, qui venait de triompher dans Mignon à l’Opéra Comique (ce qui, selon la rumeur de l'époque, la faisait jalouser de toutes les divas concurrentes).
D’autre part, nous étions en 1883 en plein courant orientaliste, la mode étant de quitter le vieux contexte européen (soit antique, soit local), pour surfer sur la vague des voyages et appropriations du moment. Il s’agissait donc de transposer les habituelles tragédies amoureuses en leur insufflant une coloration exotique spécifique (Chine, Inde, Amérique latine, Indonésie…). Se multiplient donc les exemples de drames amoureux lointains, où les jeunes indigènes payent la plupart du temps de leur vie leur amour coupable avec un séduisant colon noble et riche (L'Africaine de Meyerbeer, Les Pêcheurs de perles de Bizet, puis plus tard Madame Butterfly de Puccini).
Enfin, il y avait dans les milieux musicaux français, la volonté d’aller à l’encontre de la vague montante du wagnérisme et sa conception de l’opéra total (surtout après la guerre de 1870 et la défaite de Sedan, puisqu’il s’agissait de se démarquer de tout "germanisme" suspect). Delibes, déjà couronné par des succès avec ses musiques de ballet, s’engage sur le sentier de l’opéra-comique tragique, hérité de Bizet dans Carmen (également créée à l'Opéra Comique de Paris), qui alterne des scènes légères, voire bouffes, et un sujet central beaucoup plus dramatique, le tout teinté chez Lakmé d’une anglophobie représentative de l’époque (liée aussi aux concurrences de comptoirs et colonies) des librettistes Edmond Gondinet et Philippe Gille.