Le Festival International d’art lyrique d’Aix-en-Provence est créé en 1948, dans un climat de renouveau culturel après le choc de la défaite et les années noires de l’Occupation. En effet, il est pensé par son fondateur Gabriel Dussurget comme un pendant dans l’opéra aux festivals de Cannes et d’Avignon créés respectivement un et deux ans auparavant. Après avoir fait le tour de toute la Provence, Dussurget et son mécène, la Comtesse Lily Pastré, découvrent la cour de l’Archevêché d’Aix-en-Provence. Charmés par le lieu, ils réunissent des amis et des amateurs pour une première représentation de fortune de Cosi fan tutte de Mozart à l’Archevêché, œuvre qui était alors tombée dans l’oubli en France. La première édition du festival est complétée par des concerts à la cathédrale Saint-Sauveur et à travers la ville.

Si cette première édition est une grande réussite compte tenu des moyens mobilisés, c’est à partir de la deuxième édition que le Festival va véritablement prendre de l’ampleur, notamment grâce au graphiste Cassandre, qui construira un théâtre permanent dans la cour de l’Archevêché, et créera les décors du Don Giovanni qui y est donné. Le festival d’Aix est donc définitivement placé sous le signe de Mozart, parti pris fort pour un festival situé dans un Midi aux portes de l’Italie, donc fortement imprégné de Verdi et de Puccini. Ce choix résulte non seulement des goûts de son fondateur mais aussi des contraintes techniques, le théâtre en plein air de Cassandre ne pouvant pas accueillir un très grand orchestre, ce qui le rend plus adéquat pour Mozart et le répertoire baroque que pour les grands opéras romantiques. Pendant les années Dussurget, la coutume est d’ailleurs de programmer trois opéras, dont deux Mozart et une œuvre baroque ou contemporaine (ainsi, le festival commande La guirlande de Campra à Honegger en 1952).

A l’arrivée de Bernard Lefort à la présidence du festival en 1974, la tradition va quelque peu être bouleversée, ce dernier étant désireux de remettre le bel canto en avant. Deux représentations de Rossini en particulier vont beaucoup marquer les années Lefort : Semiramide avec Montserrat Caballé et Marilyn Horne en 1980 et Tancredi avec Marilyn Horne et Katia Ricciarelli l’année suivante. Il élargira le festival au-delà de l’art lyrique, accueillant notamment Ella Fitzgerald et Joan Baez, ouverture qui n’a pas totalement disparue, quoique de nos jours le festival reste pour la très grande partie dédié à l’art lyrique.

Le mandat de Louis Erlo (1982-1996) replace Mozart au cœur de la programmation aixoise, programmant non seulement ses chefs-d’œuvre mais aussi ses œuvres de jeunesse. Il met également en avant le baroque français et le XXe siècle. C’est par ailleurs l’occasion d’une modernisation de la scène de l’archevêché en 1985.

Nouvelle rénovation de l’archevêché en 1998 à l’arrivée de Stéphane Lissner, après une brève éclipse liée à des difficultés financières. Le festival fait un retour triomphal avec une mise en scène de Don Giovanni par le metteur en scène et réalisateur Peter Brook. La même année, Pina Bausch chorégraphie Le château de Barbe-bleue de Bartok avec la direction musicale de Pierre Boulez, ce qui confirme la tournure pluridisciplinaire imprimée au festival par Lissner. En 1998 également, Lissner crée l’Académie Européenne de Musique, le Festival d’Aix-en-Provence possédant d’ailleurs une forte tradition de révélateur de talents et ne se repose pas sur la seule présence de vedettes. Tout en maintenant l’accent sur Mozart, Lissner donne également la part belle aux œuvres contemporaines et à la création. La réouverture en 2000 d’un théâtre à l’italienne du XVIIIe, le théâtre du Jeu de Paume, offre un cadre privilégié pour ces œuvres. C’est là que seront données des commandes comme Le Balcon de Peter Eötvös en 2002 et Julie de Philippe Boesmans en 2005.

Le dernier apport de Lissner avant de laisser sa place au belge Bernard Foccroulle à partir de 2007 est la construction d’une salle plus traditionnelle, le Grand théâtre de Provence, pour les œuvres qui ne se prêtent pas à la représentation en plein air à l’Archevêché. Sa fondation accompagne la première représentation à Aix de la Tétralogie de Wagner en partenariat avec le Festival de Salzbourg de 2006 à 2009. Le grand théâtre de Provence est inauguré en 2007 avec La Walkyrie (L’or du Rhin avait été donné à l’Archevêché l’année précédente). Si à l’origine, le projet soulève des questionnements, d’aucuns se demandant si Aix ne risquait pas d’y perdre sa spécificité, le Grand théâtre de Provence est devenu l’un des lieux incontournables du festival. Ainsi, il accueille la mise en scène d’Elektra de Richard Strauss par Patrice Chéreau en 2013, pour la dernière mise en scène du réalisateur, décédé peu de temps après.

En plus des salles précédemment citées, des représentations et des concerts en plein air ont également lieu à l’Hôtel Maynier d’Oppède et au Grand Saint-Jean. Depuis 2013, le Festival s’est également doté d’un auditorium, le conservatoire Darius Milhaud.

Le Festival d’Aix-en-Provence s’est désormais imposé comme l’un des rendez-vous majeurs de l’art lyrique international, tout en restant fidèle à sa tradition. Ainsi, cette année, il accueillera huit spectacles, dont un Mozart à l’Archevêché (L’enlèvement au sérail), une œuvre baroque (Alcina de Haendel), deux œuvres du XXe (Le Songe d’une nuit d’été de Britten et Perséphone de Stravinski en double programme avec Iolanta de Tchaïkovski) et quatre œuvres contemporaines, ainsi qu’une multitude de concerts.