Biographie
Renata Scotto
La soprano italienne Renata Scotto naît à Savone le 24 février 1934. Issue d’un milieu très humble, c’est son oncle qui lui fait découvrir l’opéra, l’emmenant voir Rigoletto de Verdi au théâtre de la ville avec Tito Gobbi dans le rôle-titre pour ses douze ans. Le déclic est immédiat : elle part étudier le chant à Milan. Elle pense d’abord être contralto, mais découvre trois ans plus tard qu’elle est en réalité soprano lyrique. Elle fait ses débuts sur la scène de sa ville natale à seulement dix-huit ans, chantant Violetta dans La Traviata de Verdi, qui devient l’un de ses rôles fétiches. L’année suivante, elle débute un autre standard de son répertoire à Savone, cette fois-ci Cio-Cio-San dans Madame Butterfly de Puccini. Toujours en 1953, elle chante Violetta au Teatro Nuovo de Milan, puis fait ses débuts à La Scala dans le rôle de Walter dans La Wally de Catalani, avec Renata Tebaldi dans le rôle-titre.
Sa carrière décolle en 1957 lors du Festival d’Edimbourg. Alors que Maria Callas y chante Amina dans La Somnambule de Bellini, elle refuse de rajouter une cinquième performance non prévue, étant trop épuisée pour assurer la représentation. C’est donc Renata Scotto qui la remplace, s’imposant ainsi dès lors comme l’une des plus grandes voix de la génération post-Callas. Pendant les années qui suivent, elle chante de nombreux rôles de soprano colorature tels qu’Adina dans L’Elixir d’amour de Donizetti et Lucia di Lammermoor, de Donizetti également, ainsi que Gilda dans Rigoletto.
Elle chante aussi Mimi dans La Bohème, y faisant même ses débuts américains à Chicago en 1960. Son rôle de Cio-Cio-San lui offre ses débuts au Met en 1965, où elle revient régulièrement par la suite. Mais elle se sent cantonnée à un nombre limité de rôles et se brouille avec le Directeur du Met, Rudolph Bing. En 1970, elle assure l’une des représentations les plus difficiles de sa carrière quand elle doit chanter Elena des Vêpres siciliennes de Verdi à La Scala, et qu’une cabale de nostalgiques de la Divine hurlent « Viva Callas ». Cette dernière est justement dans le public et ovationne Scotto à la fin de sa performance.
Après le départ à la retraite de Rudolph Bing en 1972, Renata Scotto revient au Met, devenant même l’une de ses plus grandes vedettes. Elle n’hésite pas à aborder des répertoires plus rare : elle chante ainsi Maria di Rohan de Donizetti à La Fenice en 1974 et Zaïre de Bellini à Catane en 1975, ou bien Le Prophète de Meyerbeer au Met en 1977. Elle conquiert d’autres rôles pucciniens, parmi lesquels les trois rôles principaux du Triptyque en 1976 au Met. Sa popularité au Met est telle qu‘elle incarne Mimi dans La Bohème pour la première retransmission du Met en direct à la télévision en 1977, avec Luciano Pavarotti en Rodolfo. Elle poursuit également ses interprétations d’œuvres véristes, comme Adriana Lecouvreur de Cilea en 1977 et La Gioconda de Ponchielli en 1979.
En 1086, elle se tourne vers la mise en scène : lassée de la production de Madame Butterfly du Met, elle en dessine sa propre vision. C’est ainsi dans sa propre production qu’elle donne sa dernière performance au Met un an plus tard. Sa mise en scène de La Traviata au New York City Opera lui vaut un Emmy en 1995. Pour ses adieux à la scène à Baltimore en 2000, elle s’aventure dans le rôle de Clytemnestre dans Elektra de Richard Strauss. Elle se consacre ensuite à l’enseignement et à la mise en scène. Parmi ses dernières réalisations figurent Lucia di Lammermoor à Thessalonique en 2004 et Un Bal masqué à Chicago en 2010. Elle fonde en 2017 son académie à l’Opéra Naples en Floride (Etats-Unis). En 2018, elle y met en scène L’Elixir d’amour.
Renata Scotto s'éteint le 16 août 2023 dans sa ville natale de Savone, à l'âge de 89 ans.