Etat civil
Biographie
Le ténor italien Franco Corelli est né à Ancona le 8 avril 1921. Quoiqu’il ait des chanteurs lyriques parmi ses aïeux, ses propres parents n’étaient pas particulièrement portés sur la musique, son père étant ingénieur naval. Si le jeune Franco chante de temps en temps à ses heures perdues, il préfère d’ailleurs le sport, la pêche et la natation. Le déclic survient près de la trentaine, alors qu’il étudie à l’Université de Bologne pour suivre les traces de son père, et qu’il participe à une compétition de chant sur un défi. S’il ne remporte pas de prix, les jurés l’encouragent dans cette voie, et il s’inscrit peu après au Conservatoire de Pesaro. C’est un fiasco total, puisqu’il perd ses aigus, et tente de chanter en tant que baryton, sans grand succès. Il se résout finalement à rester autodidacte, ne suivant qu’occasionnellement des cours avec le mentor de Mario del Monaco, Arturo Melocchi, préférant se fier à son instinct et aux enregistrements de ses idoles, Caruso en tête, retrouvant ainsi peu à peu sa voix de ténor.
En 1951, il remporte le Mai Musical de Florence, ce qui lui vaut des débuts à Spoleto dans l’année. Il doit y chanter Radamès dans Aïda de Verdi, mais renonce au bout de plusieurs mois de répétition, trouvant finalement le rôle encore trop exigeant, et optant pour Don José dans Carmen de Bizet. L’année suivante, il fait ses débuts à l’Opéra de Rome, en Maurizio dans Adriana Lecouvreur de Cilea. Il en rejoint la troupe de 1953 à 1958. Il s’y illustre rapidement pour ses interprétations des grands rôles de ténor dramatique tels qu’André Chénier (de Giordano), Radamès (dans Aïda), Don Carlos (de Verdi) ou Rodolfo (dans La Bohème de Puccini). Dès sa première saison à Rome, il partage la scène avec la Callas dans Norma de Bellini, en Pollione. Il devient l’un des partenaires habituels de la Divine, avec laquelle il fait ses débuts à la Scala en 1954 dans La Vestale de Spontini. Peu à peu, les scènes internationales s’ouvrent à lui, y compris l’Opéra d’Etat de Vienne et Covent Garden, où il donne respectivement Radamès (Aïda) et Cavaradossi (Tosca de Puccini) en 1957.
Il s’installe ensuite aux Etats-Unis, faisant ses débuts au Met en 1961. Il reste extrêmement dépité de sa première expérience, sa performance du Trouvère en Manrico coïncidant avec la première de Leontyne Price, qui lui vole quelque peu la vedette. Il devient toutefois l’une des plus grandes vedettes de la maison de 1961 à 1974, grâce à ses prestations énergiques et passionnées, particulièrement adaptées aux rôles de spinto, même si ses interprétations très spécifiques lui valent parfois les foudres des critiques. En effet, sans doute en raison de sa formation d’autodidacte, Corelli interprète les rôles selon son instinct, et a tendance à donner une inflexion très personnelle à la partition, quitte, par exemple, à interrompre l’orchestre pour tenir un aigu. Il demeure cependant un interprète émérite des grands rôles de Puccini et de Verdi, auxquels il ajoute des opéras français comme Roméo et Juliette de Gounod vers la fin de sa carrière.
A son apogée, les sautes d’humeur de Franco Corelli n’ont rien à envier à celles des prima donnas comme la Callas : Il est si sujet au trac qu’il faut parfois le pousser sur scène. C’est sans doute pour cela qu’il prend sa retraite de manière anticipée. Dans le milieu des années 70, sa voix commence à accuser des signes de fatigue, aussi arrête t-il ses performances, sa dernière représentation au Met étant Turandot (Puccini) en 1974, suivi d’une tournée de la compagnie du Met qui comprend la Bohème et Roméo et Juliette en 1975. L’interruption de carrière n'est d'abord censé être qu’une pause, mais il décide finalement de mettre un terme définitif à sa carrière. Il se consacre ensuite aux master-classes. Il s’éteint le 29 octobre 2003.