Centenaire de la mort de Fauré, évocation immortelle à la Philharmonie de Paris
Menant à un chef-d'œuvre de Fauré, de circonstance pour un hommage : son Requiem, le programme parcourt des œuvres de ce maître de la musique française mais aussi de son maître (Camille Saint-Saëns) et de son prédécesseur comme professeur de composition au Conservatoire (Jules Massenet). De Fauré, Shylock et la Berceuse symbolisent un apaisement qui marquera justement son Requiem, Les Roses d'Ispahan et Clair de lune rappelant alors la tendre beauté éphémère de l'existence. La Tarentelle (collaboration avec André Messager) montre cependant un autre volet de son catalogue, sans excès toutefois. Camille Saint-Saëns vient ensuite, toujours dans le thème, avec L'Attente et sa Danse macabre, tandis que Jules Massenet offre Le Poète et le Fantôme.
Le ténor Julien Dran déploie dès Shylock la douceur de sa voix au timbre rond, d'une touche lyrique délicate. Sa diction, très claire, produit un son sensible, donnant même l'impression d'une certaine fragilité (une volonté interprétative adaptée au contexte).
La soprano Sandrine Piau déploie son lyrisme au "Clair de Lune" de Fauré, avec une articulation précise et percutante. Bien que son timbre soit quelque peu brillant, il demeure néanmoins en harmonie avec l'ensemble, et se démarque pour le Requiem avec un timbre plus arrondi, ouvert et doux (plus récitant et moins ornementé dans la mélodie, soutenant l'évidente beauté de la partition).
Le baryton Étienne Dupuis entonne la Danse macabre de Saint-Saëns d'une voix puissante avec un timbre chaud, sans être écrasante ou imposante. Le récit clair est théâtralisé pour parachever la prestation et son déploiement en salle.
Laurence Equilbey dirige l’Orchestre de chambre de Paris avec une intensité encourageant la percussivité, frontale, mais dans une constante et absolue conscience de l'équilibre sonore, et de la concision des phrasés. Le résultat demeure ainsi envoûtant et dynamique, bien déployé dans cette acoustique et en accord avec le chant.
Pour parachever le concert, le Chœur accentus déploie lui aussi toute l'homogénéité, l'équanimité même, celle du Requiem, respectant religieusement les silences autant que les notes, sans perdre la fluidité de la musique (là encore grâce à la direction précise et dynamique de Laurence Equilbey).
Les spectateurs n'en finissent plus d'applaudir cette soirée, cet hommage qui se conclut par le Cantique de Jean Racine : un nouvel échange vibrant entre l'orchestre et le chœur, caractérisé par une harmonie des contrastes amenés en toute fluidité. L'héritage de Fauré, en définitive, enveloppe le public dans une atmosphère de réconfort et de beauté, scellant cette célébration.
Bravo @orchambreparis & @accentus conducted by #LaurenceEquilbey with #SandrinePiau #JulienDran & #EtienneDupuis for this #concert dedicated to french #classicalmusic at @philharmonie de #Paris ! #Fauré #Requiem, #SaintSaëns #Massenet. @helene_mahln - 2024 apr.05 pic.twitter.com/C2h3wVmpWU
— Helene M.A. (@helene_mahln) 5 avril 2024