À la re-découverte d’Arias oubliées de Caldara
Le programme se concentre sur la carrière Viennoise de Caldara, de 1716 à sa mort, présentant une collection d’airs d’opéras et d’oratorios alternant divers caractères de bravoure, trahison, colère, dévotion… montrant un large panel des affects associés en ce temps à la voix de Basse.
Le livret est complet et intéressant : il retrace la genèse musicologique du projet et éclaire le lecteur sur la vie du compositeur, le contexte musical et politique de l’époque, des œuvres présentées, avec leur traduction (en anglais), ainsi que l’unité du programme via Christoph Praun la basse de l’époque pour qui ont été écrits tout ou partie de ces airs.
L’Ensemble Mozaïque réunit un quatuor à cordes, clavecin (ou orgue positif sur certaines pistes, apportant une variation de texture sonore bienvenue) ainsi que théorbe ou guitare baroque. Ces jeunes musiciens proposent une performance fine et élégante, dans ses phrasés comme dans son ornementation et ses nuances. Très juste dans leurs intentions et l’unité de leur son, ils accompagnent aisément le chanteur et agrémentent le programme de deux pièces instrumentales raffinées.
Alexandre Baldo prête son timbre élégant et homogène de baryton-basse à ce répertoire spécialisé. Il fait montre d’une grande maîtrise du souffle, de son registre grave, et propose de belles nuances piani dans les airs qui le demandent. Il est à l’aise dans ses deux récitatifs, crédible dans ses intentions, globalement très précis dans les passages plus virtuoses et, quoique certaines voyelles soient larges, reste très intelligible.
Le son du “mix” est plaisant et efficace (les cordes et le continuo sont bien répartis dans l’espace), et rend justice à la performance du chanteur. Il est cependant marqué d’une réverbération (sans doute celle inhérente au lieu, en l'occurrence l'abbaye baroque de Saint-Florian près de Linz en Autriche) qui -quoique modérée- enlève un peu de précision d’attaque aux cordes et noie légèrement certaines des nuances et articulations d’une performance sinon nettement travaillée.
Le répertoire Baroque réserve encore bien des découvertes et surprises, et c’est sous ce signe que se place Antonio Caldara: Arias for Bass, ce premier album ajoutant une pièce conséquente au paysage discographique et musicologique.
À Lire également : Acis et Galatée, un chef d’œuvre de Haendel dans une version recréée Salle Cortot par Alexandre Baldo