Pétillante soirée des talents Adami classique au Bal Blomet
Depuis les Années Folles quoique dans d'autres esthétiques (cabaret dansant antillais et club jazz), le Bal Blomet n’a pas manqué de faire découvrir nombre d'artistes. Ce soir, l’occasion y est donnée d'apprécier les talents classiques de huit jeunes artistes (avec lesquels vous aviez pu faire connaissance sur les colonnes d'Ôlyrix, dans notre compte-rendu depuis la Ferme de Villefavard). Animée par le médiateur Tristan Labouret, qui joue le rôle d’intervieweur pour encourager les artistes à partager leurs actualités et leurs projets, la soirée propose un programme à l’image des musiciens : diversifié et délicat avec une bonne touche de complicité partagée.
Les #talentsadami Classique sont prêts à monter sur scène ! pic.twitter.com/PYiNJb9gFw
— ADAMI - La force des artistes (@ADAMI_Artistes) 15 janvier 2024
Débutant son air du Cinq-Mars de Gounod depuis le balcon, le ténor Abel Zamora fait entendre son timbre léger au vif vibrato, particulièrement serré sur les tenues. Une plus grande aisance vient consolider son soutien et ainsi la stabilité de son chant, déjà sensible.
Il est un peu en retrait en duo (pour l’amusant « Vive Bacchus » de L’Enlèvement au Sérail de Mozart) avec le baryton-basse Alexandre Baldo. Celui-ci projette avec facilité son timbre large et noble, particulièrement dans les graves chaleureux (l'aigu est légèrement moins sûr que le reste de sa tessiture).
La mezzo-soprano Marion Vergez-Pascal partage sa sensibilité pour le répertoire de la Zarzuela avec Las hijas del Zebedeo de Ruperto Chapí. Animée par l'ardeur de ce répertoire, elle l'interprète avec inspiration, d'une agréable chaleur vocale (qui gagnera certes à s’épanouir encore davantage, notamment dans le grain des graves).
La soprano Camille Chopin interprète l’air du Cour-la-Reine extrait de Manon de Massenet. Son aisance, sa voix lumineuse et agile, et sa constance dans les phrasés montrent réellement cet enthousiasme à « profiter de la jeunesse » comme elle le chante, le public l’applaudissant très chaleureusement pour sa prestation.
Le pianiste Tom Carré, outre son accompagnement attentif, fait entendre en soliste un Intermezzo de Brahms par un toucher léger, voire caressant avec de délicates propositions de couleurs. Celles-ci ne manquent également pas lors du 2ème mouvement du Trio en ré mineur de Khatchatourian, vivante danse populaire qu’il interprète avec la violoniste Sarah Jegou-Sageman et la clarinettiste Anaïde Apelian.
La première, grâce à une grande souplesse d’archet, soigne aussi bien la sonorité que les lignes de ses mélodies, avec autant de présence que de finesse (qu’elle fait également entendre avec le Souvenir d’un lieu cher de Tchaïkovski.
La seconde montre des élans parfaitement animés, touchants même par le soin tout particulier aux nuances avec les deux derniers mouvements de la Sonate de Poulenc.
Enfin, le violoncelliste Léo Ispir captive son auditoire grâce aux intenses mélodies des Pièces pour violoncelle et piano de Nadia Boulanger, partageant sa sensibilité et sa personnalité musicale grâce à une technique précise, vive et alerte.
De surcroît, Josquin Otal (Révélation classique de l'Adami 2015) assure au piano un rôle d'accompagnateur avec autant de discrétion que de soutien efficace, grâce à une grande complicité avec les artistes.
Sous les applaudissements heureux d’un public conquis d’avoir découvert ces talents très prometteurs, l’ensemble des jeunes artistes offrent en bis le joyeux air du champagne de La Chauve-Souris de Strauss, puis montrent leur reconnaissance particulière envers Sonia Nigoghossian (référente artistique de ce projet dont il s'agit de la 26ème édition), qui passe le flambeau à Anne-Sophie Duprels.