Concert du Nouvel An à Radio France - Symphonie pour la paix
C'est devenu une tradition pour Mikko Franck et son Orchestre Philharmonique de Radio France, que de débuter l'année par la Symphonie n°9 de Beethoven, dont le quatrième et dernier mouvement réunit orchestre et chœur pour magnifier l’Ode à la joie de Schiller. Le public est venu nombreux à l’Auditorium de Radio France pour assister à ce moment saisissant de joie et de fraternité.
Mikko Franck propose ce soir une interprétation tout en ampleur et en transparence : les instrumentistes s’unissent en un pâte sonore homogène, précise mais sans attaques trop incisives. Les gestes très souples du chef se font facilement sensibles, en de larges cercles pour inciter à davantage de largesse, ou avec une main près du cœur. S’asseyant brièvement, il se lève souvent et se met parfois sur le côté de son pupitre, manifestant ainsi une forte et vaste attention mais dans un geste ne cédant jamais à la précipitation ni à la nervosité. Il montre toute sa confiance envers ses musiciens, qui connaissent particulièrement bien cette partition, en ne les dirigeant qu’au minimum, parfois même d’un seul regard bienveillant. Certains pupitres sont subtilement invités à faire ressortir leurs contre-chants, sans pour autant déséquilibrer l’ensemble. Toutefois, certains passages accentuent une tendance progressive à éviter toute surprise, prenant le risque d'estomper au fur et à mesure l'originalité de cette musique par trop d'exactitude mesurée.
Le dernier mouvement résout ce sujet, en apportant toute sa richesse, à commencer par la tendresse et le moelleux de la proposition douce et éloquente des violoncelles et des contrebasses, rejoints par le contre-chant des bassons dans une simplicité touchante, jusqu’à l’explosion fière et majestueuse de l'exposition instrumentale du thème. La basse Matthew Rose fait une entrée saisissante par sa voix pleine et bien projetée, déclamant son texte avec une grande clarté, quasiment par cœur. Le ténor Michael König montre également une bonne attention à sa diction, faisant entendre un timbre assez droit voire pincé dans les aigus. La mezzo-soprano/alto Gerhild Romberger et la soprano Chen Reiss apportent toutes deux la clarté de leur voix, dont la présence est bien équilibrée dans le quatuor de solistes. Les artistes du Chœur de Radio France, préparés par Agnieszka Franków-Żelazny, interprètent avec précision et clarté leur texte. Mikko Franck leur fait indéniablement confiance, s’occupant parfois peu d’eux, au risque que certaines entrées de passages fugués perdent alors en présence et que le chœur paraisse en retrait de l’orchestre. Une ou deux voix se détachent lorsque les hommes chantent seuls, notamment par de dissonants portamenti (glissements de notes).
Bien que la soirée n'ait pas nécessairement déclenché les « étincelles symphoniques » garanties, le public se montre particulièrement chaleureux, plusieurs bravi couronnant les accords finaux. Trois accords comme trois salves d'enthousiasme, marquant ainsi le début de cette nouvelle année 2024.
Rendez-vous ce soir et demain à lAuditorium de @radiofrance et en direct (ce soir) sur @francemusique pour cette 9ème de Beethoven du @PhilharRF et du @ChoeurRF pic.twitter.com/Xtfq5rphJI
— Orchestre Philharmonique de Radio France (@PhilharRF) 4 janvier 2024