Mélodieux Voyage avignonnais avec Jean-François Baron et Ayaka Niwano
Ce programme entièrement consacré à la mélodie française propose un grand voyage -dont ce genre piano/voix est friand- vers l'Italie d'Arlequin, Colombine et des Bals Masqués, vers l'Espagne de Don Quichotte aussi, vers le lyrisme surtout. Les compositeurs de l'hexagone transportent Après un rêve (Fauré), avec La Vague et la Cloche (Duparc), sur l'aile d'une Villanelle (des Nuits d’été de Berlioz), parmi d’autres mélodies de Jules Massenet et Reynaldo Hahn, sans oublier le cycle de trois mélodies pour baryton, Don Quichotte à Dulcinée de Maurice Ravel. Le programme gagne de plus en plus en dynamisme et irrévérence au fil du concert, avec une deuxième partie entièrement consacrée à l’excentrique et drolatique cycle du Bal masqué, de Francis Poulenc, rarement donné ainsi in extenso.
Jean-François Baron passe de fait d’une attitude solennelle et sérieuse à une intention plus gaie et décontractée au fur et à mesure de l'avancée du concert et comme l’exige son programme. Le baryton fait montre d’un timbre lumineux, un peu ténorisant. Ses lignes vocales se dessinent avec des débuts et fins de phrases très délicates. Il captive également l’attention de son public grâce à une voix ronde et un texte très clair, portant une articulation travaillée (ses voyelles ne perdent pas en verticalité). Il fait valoir la musicalité de chaque morceau, avec un chant intelligemment nuancé : des forte assurés et des piani très élégants. Légèrement stressé au début du concert, il finit sa prestation dans une détente assurée, d'un sourire contagieux pour le public.
La pianiste Ayaka Niwano, collaboratrice fidèle de l’Opéra Grand Avignon, accompagne le chanteur avec grâce, faisant montre d’une technique robuste, d’une sensibilité et d’une délicatesse très agréables à l’oreille, avec des changements d’intention très clairs. Elle se montre également très précise et agile, avec une grande fluidité qui lui permet de produire presque des tourbillons musicaux portant la voix du chanteur avant d’atteindre les oreilles de l’auditoire. La pianiste et le chanteur forment ainsi un duo mettant en valeur leurs qualités respectives, et communes.
La prestesse de la pianiste et l’expressivité tant vocale que théâtrale du chanteur provoquent ainsi des applaudissements enthousiastes du public. Les artistes le remercient en terminant le concert avec une dernière mélodie : Hôtel de Francis Poulenc. Le tout est suivi, comme de coutume pour ces rendez-vous en récital dans la Cité des Papes, d’un moment d'échange et de rencontre conviviale.