Voyage a cappella au temps de Noël à Fontevraud
L’Abbaye de Fontevraud invite à vivre un hiver musical en compagnie des Arts Florissants. Pour le deuxième concert de ce cycle hivernal, Paul Agnew et douze chanteurs de l’ensemble proposent de (re)découvrir des œuvres a cappella de la Renaissance au Baroque (Michael Praetorius, Mateo Flécha, William Byrd ou encore Marc-Antoine Charpentier), plongeant déjà l’auditeur dans la magie de Noël en ce début du temps de l’Avent. Ce concert est donc placé sous le signe de la vocalité pour traiter de Noël, sujet à la fois profond et joyeux, religieux et familial. Il suffit de se laisser porter par les expressions de ces musiques pour saisir le message de cette période de fête, d’espoir du retour de la lumière après l’obscurité.
Les chanteurs débutent le concert derrière le public, instaurant une écoute consciente de la spatialité de l’édifice. Malgré son acoustique généreuse, le soin des consonnes longues permet d’emblée d’apprécier les textes des hymnes. Les artistes des Arts Florissants menés par Paul Agnew entrent ainsi sur la scène, comme en procession sur toute la longueur de la nef, devant la grande porte de l’abbatiale et au milieu d’une mini-forêt de sapins illuminés. Tendrement lumineux sont également leurs phrasés qui se montrent tout à fait caressants. C’est surtout le soin qu’ils portent au texte qui crée tout le délice de cet après-midi : les attaques communes et anticipées mettent en valeur un texte. Celui-ci est constamment soutenu par des intentions de direction et de dynamiques, entièrement à son service. Qu’elle soit latine, allemande, française, anglaise ou espagnole, la langue se fait particulièrement savoureuse, très agréablement rythmée. Les harmonies se font délicates et le contrepoint un jeu aussi doux que charmeur.
Chantant les appels au plain-chant (mélodie se déployant en une seule ligne) et affirmant quelques couplets en introduction de certaines œuvres, de sa voix sûre et présente, Paul Agnew assure une direction vivante et précise. Les chanteurs le suivent avec attention mais savent également écouter leurs voisins, de malicieux regards complémentant la cohésion, et l’esprit.
C’est en repartant jusqu’au fond de la nef, en entonnant le rythmé Gaudete Christus est natus ex Maria virgine de Jacobus Finno que l’ensemble conclut ce concert. Il revient néanmoins pour d’heureux saluts et pour offrir avec une délicatesse particulièrement soignée le célèbre chant traditionnel de Noël “Stille Nacht”. La nuit venant promet effectivement d’être douce.