Symphonie Résurrection à Bozar
Après la Symphonie n°1 dite “Titan” (notre compte-rendu), place à la Symphonie n°2, sous-titrée “Résurrection” avec l’Orchestre Symphonique de la Monnaie, son Chœur ainsi que celui de la Radio Flamande, les solistes Ilse Eerens et Nora Gubisch, sous la direction d’Alain Altinoglu.
« Ma Deuxième pourrait-elle cesser d’exister sans perte irréparable pour l’humanité ? » — Mahler
Afin de subvenir aux besoins expressifs de l’opus, Mahler avait vu « colossal ». L’orchestre investit ainsi une belle partie de la scène, pour déployer cette vision puissante, d’autant plus palpable par l’auditoire, récepteur des ondes percussives qui irradient en salle. L’interprétation allie ici la précision et l’énergie survitaminée, évoluant tel un magma éruptif, une coulée de lave qui emporte tout (l’auditoire) sur son passage jusqu’à la fin. La direction d’Alain Altinoglu insiste justement sur cette puissance tectonique et percussive de l’opus, en marquant bien les accents, en guidant bien les plans sonores. À la vision de Roberto González-Monjas faite de précision et d’effervescence pour la Première Symphonie, répond ainsi la générosité d’une puissance crépitante.
Ilse Eerens offre une voix claire, limpide et fluide, menant les chœurs par la puissance de ses lignes qu’elle sait pourtant moduler d’un vibrato fin et même léger. Les aigus sont nets, lumineux et généreux.
Droite, puissante et grave, Nora Gubisch souligne la profondeur mystérieuse de sa partie musicale, avec une prosodie ferme, appuyée, très intelligible. Les graves allient puissance et suavité du timbre, étirant les phrasés et la prosodie germanique.
Les Chœurs s’accordent avec la puissance de l’orchestre, offrant un finale assourdissant et mémorable. Le public de cette salle rapidement comble et comblée, ovationne debout les artistes et la musique, avant de se donner rendez-vous le 18 février 2024 pour le prochain concert -déjà complet- de ce cycle, qui réunira les Chants d'un compagnon errant (cycle de Lieder orchestraux résonnant avec la Première Symphonie) et la musique composée par John Williams pour les films Harry Potter (rappelant combien Hollywood doit à Mahler) !