Conclusion en beauté et aux couleurs de la République pour le Festival Berlioz 2023
Cette année, le Festival Berlioz a débuté le 20 août et s’est terminé… le 14 Juillet ! C’est en effet l’intitulé du concert de clôture proposé par l’Orchestre de la Garde Républicaine et le Chœur de l’Armée française : « 14 Juillet ! » (avec le point d’exclamation). Faute d’avoir pu déplacer le festival à la date de la fête nationale, c’est la fête nationale qui s’invite à La Côte-Saint-André, comme l’explique le livret d’accompagnement du concert d’une manière spirituelle tout à fait dans l’esprit de la figure tutélaire des lieux.
D’entrée, l’orchestre surprend par sa disposition plutôt originale : les bois, en grand effectif, font face aux cordes, sur la droite du chef d’orchestre. Cinq percussionnistes se partagent la caisse claire, la grosse caisse, les timbales, cymbales ainsi qu’un gong, pour un volume sonore détonant. Il faut bien cela pour jouer la Grande Symphonie Funèbre et Triomphale d’Hector Berlioz, donnée ici dans sa version avec chœur. L’œuvre, monumentale, comporte dans son deuxième mouvement un long solo de trombone, entonné avec brio par Maxime Delattre sur un phrasé souple, conduit avec une tenue de souffle infaillible.
L’autre soliste de la soirée, Christian Wirth, aura l’occasion de s’illustrer sur la Ballade pour saxophone et orchestre d’Henri Tomasi, d’un jeu pur et velouté.
Les auditeurs qui s’attendraient à une raideur militaire dans la battue d’un colonel en seront pour leurs frais avec François Boulanger : sa direction énergique, très démonstrative, est au service de la musicalité. L’ensemble dégage un son solaire, d’où émane le rutilant des cuivres. Le Boléro de Ravel est l’occasion d’apprécier individuellement le timbre riche des instruments et la dextérité des musiciens.
L’ampleur sonore de l’orchestre est telle qu’elle couvrirait les choristes de l’Armée Française, disposés en fond de scène. Ces derniers sont donc amplifiés. Leur entrée dans le dernier mouvement de la Grande Symphonie n’en est pas moins spectaculaire. Par la suite, ils interprètent le Carnaval Romain de Berlioz ainsi que le Chœur des étudiants et des soldats de La Damnation de Faust, et comme une évidence également Gloire immortelle de nos aïeux du Faust de Gounod, rejoué en bis et maîtrisé de bout en bout les deux fois. Bien préparés par la lieutenante-colonelle Aurore Tillac, ils montrent une cohésion et un équilibre vocal remarqués, avec une diction limpide.
Aux premiers accords de La Marseillaise, dans sa transcription par Berlioz évidemment, une bonne partie du public se lève marquant aussi la solennité de ce concert qui n’est pourtant pas une cérémonie officielle, avant d’applaudir chaleureusement l’orchestre, qui scelle la soirée en offrant, en bis, la Farandole de L’Arlésienne de Bizet.