La Sportelle ouvre le Festival de Rocamadour
En ce 15 août, jour de l’Assomption, le Festival de Rocamadour ouvre son festival dans la Basilique Saint-Sauveur, tout près de la fameuse Vierge noire protectrice des marins qui inspira tant Poulenc, avec un concert de l’Ensemble La Sportelle, son ensemble maison. Ce groupe de huit chanteurs à voix mixte, a été créé en 2017 sous l’égide de l'association Cantica Sacra qui gère le Festival (et qui est à l’origine de la construction du Grand orgue il y a tout juste 10 ans). Il explore le répertoire vocal sacré, souvent a cappella, mais pas pour ce concert pour lequel il est accompagné par le Directeur du Festival, Emmeran Rollin à l’orgue.
Le programme est imaginé comme un dialogue entre Bach et Mendelssohn sur la condition humaine, son rapport au divin, à la mort et à l’après, alternant les morceaux chantés (à un, deux ou huit, a capella ou non) et pièces d’orgue.
La musique est valorisée par une mise en lumières (mettant par exemple en avant certains éléments de l’église comme son Christ en croix) et une spatialisation des chanteurs dans la majestueuse église, aux résonnances prononcées sans pour autant déstructurer les phrasés. Le concert démarre dans un noir (quasi-)complet. Les chanteurs sont alors dans la chapelle attenante à la Basilique. Le son parvient au public, lointain et élégiaque. Puis les déplacements les amènent au centre, sur les côtés voire même sur la mezzanine.
Les résonnances du lieu allongent encore les longues phrases des chanteurs, donnant parfois l’impression d’un flux continu du fait des entrées en imitation qui réactivent les échos au fur et à mesure que les précédents s’éteignent, jouant avec les sonorités des consonnes chuintantes. Les voix sont émises avec subtilité tandis que les vibratos sont tous légers et fins. Les arabesques des pupitres aigus s’envolent vers la voûte quadripartite du monument, s’appuyant sur le socle harmonique des autres. Une courte saute de concentration, peu avant la fin, explique sans doute un accent mal lancé et une passagère désynchronisation : l’exception soulignant surtout la très grande homogénéité des chanteurs et leur précision sur le reste de la soirée.
Lorsqu’il est actionné, l’orgue apparaît illuminé, imposant, avec sa forme de voiles de bateau (la Basilique étant vouée à la protectrice des navigateurs). Sous l’action d’Emmeran Rollin, le son au souffle chaud se fait d’abord doux et enveloppant. Si les phrasés sont pointillistes chez Bach, ils s’avèrent plus liés dans l’impressionnant Allegro de la Sonate VI de Mendelssohn, dans lequel l’instrument se fait rugissant.
Extrêmement silencieux durant tout le concert, concentré et recueilli, le public fait entendre son enthousiasme une fois le programme achevé. Les spectateurs qui ne se rendent pas, malgré l’heure, au concert des Itinérantes qui s’enchaine non loin, peuvent rentrer chez eux la tête pleine de souvenirs. Malin, le Festival leur offre de prolonger ces souvenirs par l’envoi, directement par email, des photos et vidéos du concert.
Bon plan : Quentin du Verdier propose un impromptu au Grand orgue tous les jours du festival à midi, avec explications sur le fonctionnement de l’instrument et interprétation de morceaux célèbres. Cela dure une demi-heure, en entrée libre.