La Cuisine Musicale au Festival Off d'Avignon
Un grand restaurant attend un menu gastronomique, mais il a engagé deux commis bien plus mélomanes que marmitons. Qu'à cela ne tienne, les voici qu'ils concoctent un spectacle avec de fameux morceaux, de musique et notamment d'opéra (avec les moyens du bord).
Les artistes qui portent des costumes simples mais très parlants (tabliers blancs avec notes et portées musicales) proposent ainsi au public un menu sonore fait maison à base d’airs de Mozart, Puccini, Verdi, Rossini et Bizet.
En entrée : un oiselet (ou plutôt l’oiseleur Papageno de La Flûte enchantée) au rythme marqué sur les ustensiles de cuisine. En amuse-bouche, au choix “Questa o quella” (Rigoletto de Verdi) accompagné par un oud construit à partir d’une casserole et sur un rythme marqué aux spaghetti. En fruits de mer (légers, de saison) “Je crois entendre encore” (Les Pêcheurs de perles de Bizet) mélodieusement accompagné d’une flûte-louche. En plat principal, “Addio del passato” (La Traviata de Verdi) version cuisine-fusion : façon bossa nova mais à l’égyptienne, et puis un rap de “Signorina un’altra volta” (Le Barbier de Séville de Rossini). La touche exotique vient entre la poire et le fromage avec Turandot accompagnée par la grille du four transformée en harpe et un balafon multicolore fait de bouteilles de sirop, sans oublier Les Noces de Figaro façon électro. Pour terminer et en guise de dessert, les deux artistes font mettre au public la main à la pâte, ou plutôt la voix, pour participer au Barbier de Séville.
La chanteuse et créatrice du spectacle, Violaine Fournier, assume majoritairement la part de chant, d’une voix claire et ronde, avec une ligne très soignée, des débuts et fins de phrase très délicats. Expressive et constamment souriante, elle déborde d’énergie et captive le public grâce à son beau timbre et à son implication sur scène. Elle fait clairement preuve de souplesse en passant d’un style à l’autre pendant tout le spectacle sans perdre en qualité.
Stéphane Zubanu Diarra accompagne la chanteuse avec ces instruments farfelus (signés Jean-Luc Priano). Il fait montre d’une grande souplesse également, avec son habileté à changer d’instrument-ustensile en un clignement de cil, et il n’est ni moins souriant ni moins investi. Les quelques fausses notes dans son chant passent tout à fait inaperçues face à ses qualités et son implication de musicien, ainsi qu’avec l’énergie qu’il donne sur scène.
C’est une véritable chorégraphie (de Francesca Bonato) musico-culinaire mise en scène par Cyrille Louge qu’offrent ainsi ces artistes, très applaudis par le public, très heureux de participer allègrement au spectacle et de l’applaudir longuement.