Un chœur, quatre chefs : Les Éléments chantent Méditerranée Sacrée
Retrouvez le début de cet événement dans la première partie de cet article : “5CCC - échantillon de la diversité et de l’éclectisme des chœurs en Occitanie”, ainsi que notre grand format consacré à Chants Libres à travers les régions
Le lieu est moins atypique que précédemment car l’abbatiale réaménagée en salle de spectacle accueille régulièrement en son sein la programmation culturelle du village. Le programme comporte sept polyphonies religieuses anciennes en latin (du XVIème au XVIIIème siècles), deux contemporaines : trois des Lumine Clarescet (en latin) d’Antonio Chagas Rosa et les Trois Fragments de Bacchantes d’Alexandros Markeas (sur un texte en grec ancien d’Euripide) et en pièce de clôture, l’hymne de Chants libres, réarrangé à partir du “Va pensiero” du Nabucco de Giuseppe Verdi. Le directeur et fondateur du chœur Joël Suhubiette dirige l’ouverture et la fermeture du concert mais il cède sa place à trois chefs en formation dans des conservatoires différents pour le reste du concert : Cyrille Nanchen, Victor Rouanet et Ophélia Besson. Chacun dirige donc deux polyphonies anciennes et un mouvement de chacune des pièces contemporaines. Quelques différences de style sont donc perceptibles dans les interprétations. Celles de Cyrille Nanchen sont axées sur la régularité du tempo et l’harmonie vocale avec une grande sobriété dans les effets. Celles de Victor Rouanet sont au contraire beaucoup plus incisives et plus allantes, facilitant l’engendrement d’une dynamique mais au risque parfois de verser dans la précipitation ou l’imprécision de certaines attaques. Ophélia Besson est sans doute celle qui délivre les lectures les plus équilibrées artistiquement s’adaptant tout à fait au morceau interprété. Le Crucifixus d’Antonio Lotti qu’elle dirige est d’ailleurs l’un des points culminants du concert. Le chœur y révèle toute sa finesse. La tenue des notes confère une véritable intensité et les voix trouvent le parfait équilibre entre la stabilité de leur ancrage et des élans aériens rappelant le divin. Si cette diversité de chefs permet d’aborder ce programme sous plusieurs regards, elle nuit cependant à l’homogénéité du concert et surtout à la cohérence des œuvres dont les différents mouvements n’ont pas le même interprète. Les choristes maîtrisent les différentes techniques de chants présentées : la pleine voix, le suraigu féminin (dans la Lumine Clarescet n°4), les murmures et chuchotements et même la chorégraphie dans les balancements associés au souffle collectif lors du premier Fragment de Bacchantes rappelant le vent et plus largement la nature. Le son est pur et régulier. Ils s’adaptent efficacement aux différentes époques du programme. L’ensemble des cinq autres chœurs de la journée, jeunes et adultes, rejoignent Les Éléments pour l’interprétation du chœur final fournissant une belle image de rassemblement pour cette ode à la liberté.
La salle intégralement remplie félicite les choristes et leurs chefs par une salve d'applaudissements se poursuivant jusqu'à leur départ.
Le Festival Chants Libres permet donc d’exposer le travail des jeunes choristes ainsi que celui de leurs encadrants, tout comme celui des adultes effectuant cette activité par passion ou par profession. Il faut également saluer l’initiative de ce festival dans la présentation de compositions contemporaines accessibles telles que celles qui sont ici présentées. Le Festival Chants Libres à Sorèze prouve donc à ceux qui en doutaient que la France et en l’occurrence la région Occitanie ne manque pas de choristes motivés et compétents.