Messe & Requiem, Mozart & Haydn par B'Rock & Vox Luminis
L'opus de Mozart, l'un de ses derniers et inachevé comme son Requiem, rappelle aussi que la fin de saison 2022-2023 approche à grands pas. Il est accompagné par le Requiem de Michael Haydn (petit frère de Joseph) qui aurait inspiré Mozart pour son propre Requiem : autant d'œuvres nimbées de mystère et de richesse musicale.
Le Requiem - Missa pro defuncto Archiepiscopo Sigismondo (1771) de Michael Haydn occupe d'abord la place scénique avec une cohésion particulière. Aucun directeur musical dressé debout de dos : ici, la direction est assurée par Lionel Meunier, mêlé à l’ensemble des chanteurs entourant l’orchestre. Les instruments installés au centre de la scène sont cernés par les chanteurs, de part et d’autres, les sopranos à l’arrière gauche des cordes faisant face aux voix masculines, aux cuivres et aux vents.
De leur côté, les instruments répondent à l’impulsion maîtresse de Cecilia Bernardini. La violoniste néerlando-italienne spécialisée dans la pratique historique sur instruments d’époque teint le dialogue des instruments avec une complicité visible. Une grande harmonie résulte de cet échange, les regards étant échangés dans les diagonales d’une partition complexe. Le résultat est à la mesure de la grande humilité de l’opus, soutenu par l’harmonie générale.
Les solistes du Requiem sont issus de l’ensemble Vox Luminis, avec la voix de soprano tenue par Anabela Baric, limpide et claire. Les vibratos serrés de la chanteuse lui assurent une présence cristalline. La voix de mezzo-soprano d’Ariane Le Fournis s'impose avec une impressionnante tenue boisée, ronde et cuivrée de la voix qui se fait presque androgyne dans sa confiance, abyssale et profonde. Les voix masculines sont assurées par le ténor Florian Sievers qui mène la ligne, accompagné par l’écho vocal de Lóránt Najbauer dont la voix placée soulevée, soufflée et variée lui assure une présence remarquée, avec une rondeur généreuse.
L’interprétation de la Grande Messe de Mozart est marquée par la soprano américaine Robin Johannsen. Face à un public fasciné, la chanteuse réussit à tenir sa voix d’une extrême maîtrise. Les vibratos serrés et légers sont modelés de sensibilité inspirée. Légèrement en arrière, la chanteuse livre ses lignes en ruissellement, les notes déferlent avec légèreté, et délicatesse. Robin Johannsen tient sa partition en une altitude presque céleste et l'interprète avec une lenteur qui laisse place à la profondeur méditative de l’opus, témoignant de la piété artistique de Mozart.
Plus appuyée et expressive, Sophie Junker assure les exigences d'un souffle long et d'une tenue quasi sportive. La soprano affirme une prosodie marquée, soulignant le texte avec un classicisme plus extraverti, soulignant ainsi l’autre facette de Mozart.
Les chœurs de l’ensemble Vox Luminis demeurent d’une grande harmonie, à la mesure de l’ensemble, précis, puissant. L’ensemble des musiciens est ovationné par un public debout, ravi de cette fin de saison remarquée.