Amour blessé, réconfort chanté avec Jakub Józef Orliński à la Sainte Chapelle
Durant cinq week-ends, la toute première édition du Paris Opera Festival a fait entendre des voix parmi les plus belles dans l'écrin gothique de la Sainte Chapelle sur l’île de la Cité. Pour ce dernier week-end à la thématique « Amore Vincitore » (l’Amour vainqueur), carte blanche est donnée au contre-ténor Jakub Józef Orliński, dont l’ascension stellaire et vocale résonne avec le ciel étoilé de la chapelle haute qui accueille le public nombreux. Le contre-ténor polonais accompagné de son fidèle pianiste Michał Biel propose un récital mêlant la passion des airs baroques et la poésie des mélodies de son pays. Ce programme éclectique, notamment présenté l’année dernière au Théâtre des Champs-Elysées, revêt ici une lumière toute particulière et comme nouvelle, portée encore davantage par l’acoustique généreuse de la Chapelle.
En première partie de soirée, Purcell est à l’honneur ses œuvres se rapprochant du lieu royal par leur thème et leur contexte de composition. Le visage du chanteur se fait très expressif, les yeux brillants partageant un intense flot d’émotions, brûlant oxymore pour l’air du génie du froid extrait de King Arthur avec l’accompagnement au touché sec et incisif, glaçant, du pianiste. Le timbre caressant du contre-ténor déploie cette chaleur, dose son vibrato avec conscience, colorant le reste du programme : de l’Ode pour l’anniversaire de la Reine Mary au cycle de mélodies polonaises Pożegnania (Adieux) d'Henryk Modest Czyż originellement écrit pour baryton-basse.
Le contre-ténor fait comprendre le sens et les intentions de ses textes avec une grande délicatesse. Michał Biel soutient constamment le chanteur avec équilibre et attention, déployant lui aussi la finesse des couleurs mélodiques et harmoniques.
Les deux artistes font durer un peu encore le plaisir de ce moment de partage en offrant en bis deux mélodies de Stanisław Moniuszko. Le public se lève alors pour applaudir, bien haut et bien fort.