Samuel Mariño, “sopranista” étincelant dans la Galerie des Glaces de Versailles
Tout juste une semaine après avoir marqué les esprits dans le Concours de virtuosité de contre-ténors en cette même Galerie des Glaces du Château de Versailles, Samuel Mariño revient en récital soliste avec Vivaldi, Mozart, Haendel, Porpora.
C’est peu dire que Samuel Mariño éblouit son public, à en juger par la réaction de celui-ci devant les luminosités réunies de sa voix (et de ses tenues) réfractées par la Galerie des Glaces. Étincelant des chaussures aux ongles pour la première partie, avant de revêtir un débardeur également argent et tenue de cuir rouge (sans oublier une cape noire), l’artiste déploie des aigus stratosphériques dans un tempo furieux qui requiert une puissance de projection à la mesure des lieux. Il reproduit ainsi un concours de virtuosité à lui seul, mais également avec la hautboïste Michaela Hrabankova, le sopraniste brillant également en liant ses registres par des traits de virtuosité, des vocalises extrêmement ciselées, facétieuses et presque insolentes.
Mais son potentiel d’expressivité se déploie aussi dans l’intimité da capo (reprise du début d’une aria) avec un phrasé dirigé et stable comme sa justesse (quoiqu’il déploie alors et constamment des volutes de gestes physiques).
Le chanteur est soutenu dans le caractère spectaculaire par le très énergique Orchestre de l’Opéra Royal, toujours virtuose et aux aguets sous la direction du non moins fougueux violoniste Stefan Plewniak. Les archets frappent les cordes avec force, contrastes et articulation : idéal pour les passages les plus alertes, un peu moins dans ceux plus tendres où un son davantage moelleux pourrait porter des couleurs plus douces voire mystérieuses.
Sous l’insistance du public dont les enthousiastes acclamations résonnent encore dans la Galerie des Glaces, Samuel Mariño offre notamment un aussi étonnant que touchant “Somewhere” du West Side Story de Bernstein avec théorbe et contrebasse avant de reprendre l’Alleluia à la virtuosité toute instrumentale de l’Exsultate Jubilate de Mozart.
Le public exulte et jubile à son tour et se lève pour saluer ce jeune chanteur “phénomène-phénoménal”.