La musique instrumentale et vocale du Seicento Italien résonne Salle Cortot
Perrine Devillers, à la carrière notamment et heureusement très ancrée dans ce répertoire spécifique, a remplacé le jour même pour ce concert Marie Perbost souffrante. Des modifications ont donc été apportées en dernière minute au programme initial afin de permettre le maintien de cette soirée musicale.
Louis-Noël Bestion de Camboulas, toujours aussi passionné, tient à présenter au public présent les différentes pages musicales retenues, qu’elles soient instrumentales ou vocales. Comme à son habitude, il dirige depuis l’orgue et le clavecin son Ensemble Les Surprises, ici présenté en formation de chambre -Juliette Guignard à la viole de gambe, Julien Hainsworth au violoncelle et Thibaut Roussel au théorbe et à la guitare. Le concert s’ouvre avec le compositeur Sigismondo D’India et sa magnifique et imposante Lamentation d’Armide, Sovente all’hor. La Venise majestueuse s’impose alors avec Alessandro Grandi et Giovanni Rovetta, tous deux s’inspirant du Cantique des Cantiques, celui-là ayant été Maître de Chapelle en second à la Basilique Saint-Marc -Monteverdi occupant le poste suprême-, de même que Rovetta un peu plus tard. L’influence de Monteverdi, maître du baroque, est ici patente même si déjà les deux compositeurs tentent de s’en démarquer. Avec O dulcissime Jesu, Giovanni Carpani offre une page marquée du sceau du recueillement, tandis que Benedetto Ferrari avec Queste pungenti spine prend une forme de danse, chaconne.
Dès les premières mesures, Perrine Devillers apparaît particulièrement à l’aise dans ce répertoire. Sa voix de soprano s’avère parfaitement dimensionnée pour la Salle Cortot et son côté salon musical. Dotée d’un vibrato serré, elle déploie un matériau vocal aux couleurs attachantes et un peu sombres, un sens mesuré de l’ornementation et du mezza voce. Sa ligne de chant bien soutenue par le souffle trouve pleinement à s’épanouir sur l’ensemble du programme. Et surtout, Perrine Devillers pare son chant d’une touchante émotion et d’une intention permanente. Ces qualités s’appliquent en particulier lors de son interprétation pénétrante du fameux air Amarilli, mia bella de Guilio Caccini, morceau qui fut alors diffusé avec un vif succès dans toute l’Europe musicale. Perrine Devillers clôt la partie vocale de la soirée sur un Amore tout en retenue et en profondeur.
Cette musique semble ici renaître de ses cendres avec l’accompagnement, par la précision et via la connaissance de Louis-Noël Bestion de Camboulas et des Surprises. Les morceaux strictement instrumentaux proposés, comme la Sonata de Tarquinio Merula ou Ballo alla Polacha de Giovanni Picchi, traduisent bien la passion qui les anime pour cette musique italienne du 17ème siècle.
Un beau succès vient saluer l’ensemble des interprètes et la valeureuse Perrine Devillers en premier lieu. Organisé par Philippe Maillard Productions, ce concert enregistré sera retransmis par France Musique le mardi 4 avril prochain à 20h avec une présentation de Clément Rochefort, à écouter, alors, ici :