Festival Présences à Radio France, musique et technologie avec le GRM
L'électroacoustique est ici abordée sous le prisme du dialogue interculturel en interrogeant l'hyper complexité mécanique pour Gradus ad infinitum (pas vers l’infini) et Allegro ma non troppo (avec des sons soumis à des transformations et superpositions électroniques) d'Unsuk Chin mais aussi le rapport à la performance mixte -acoustique et électronique- avec Chants d’exils de Jean-Baptiste Barrière.
Le programme marque d'abord avec l'"acousmonium" (orchestre de haut-parleurs). L’absence de présence physique scénique dans les œuvres d'Unsuk Chin, Bernard Parmegiani et Jongwoo Yim donne un caractère étrange et immersif à celles-ci. La scène reste éclairée, dans des tons bleu nuit saupoudrés de rouge, invitant l’auditoire à fermer les yeux pour jouir au maximum de la spatialisation du son établie.
Okkyung Lee n'en est pas moins présente accompagnée de son violoncelle pour une prestation mêlant instrument acoustique (branché à un microphone) et électronique avec un jeu singulier, détournant l’utilisation principale de son instrument sur une bande son pour son œuvre Whistling and whirling.
La dernière œuvre du programme met en scène Camilla Hoitenga à la flûte traversière et flûte traversière basse ainsi qu'Eun Joo Lee au violon, accompagnées du baryton Jiwon Song sur les Chants d'exil (Mangmyeong en coréen). La violoniste accompagne le récit avec son instrument et contribue aussi à la narration par des passages de lectures de texte. Jiwon Song en chante les émotions, dans ce voyage dans le temps avec un timbre chaud et rond. Le vibrato porte, vecteur de l’emprise du caractère triste du récit proposé. Alternant les moments de lectures et de chant, tantôt en français, tantôt en coréen, l’auditoire peut tout de même suivre la trame à l’aide des deux écrans sur lesquels sont projetées les paroles en langue initiale et traduites en français.
Cette œuvre conclut cette soirée posant la question d'une musique mixte, à travers une mosaïque contemporaine prônant la technologie non comme une barrière mais comme une expansion de la production musicale. Ces instruments devenant “cyborg” résonnent ici avec une poésie traditionnelle et le concert reçoit des applaudissements généreux, suite à ce programme rempli d’humanité -bien que le vecteur en soit la machine.