Mozart à l’honneur au Théâtre des Champs-Elysées
Ce soir, l’œuvre lyrique de Wolfgang Amadeus Mozart a l’honneur d'un concert-gala au Théâtre des Champs-Élysées avec des airs d'une dizaine d'opéras portés par des solistes investis. La soprano Sandrine Piau convainc immédiatement l'assistance par sa présence et sa voix assez claire, caressante voire onctueuse et pourtant non moins agile. Son vibrato est maîtrisé avec soin pour rester un soutien équilibré au service de son texte, tout à fait compréhensible. Elle se fait complice en duo avec Jérôme Boutillier (qui remplace Robert Gleadow, souffrant). En grande forme, le baryton déploie son aisance scénique et vocale déconcertante. Son amour de la scène n’a d’égal que la séduction de sa voix large, sonore et très nuancée servant l’intensité de son jeu. Les bravi manifestent la satisfaction du public devant son souffle long et conduit, sur une palette de timbres déployée en catalogue (celui de Don Giovanni).
Le ténor Cyrille Dubois fait lui aussi jouer ses pouvoirs de séduction sur l'auditoire, avec une technique et une présence tout aussi éloquentes mais sur le versant de la sensibilité. Les phrasés sont longs et conduits avec un soin subtil. Le timbre légèrement nasal donne une brillance qu’une rondeur adoucit. Il sait aussi jouer avec intensité et investissement la douleur et la colère, puis la complicité se retrouve avec les vocalises agiles de Sandrine Piau. La soprano partage également un moment en duo avec sa consœur Karina Gauvin. Celle-ci fait entendre un timbre opulent et des conduites assez agiles, bien que le vibrato, souvent très -voire trop- prononcé leste ses phrasés. Les nuances sont nonobstant expressives et nourries par la longueur de souffle.
Les ensembles en trio et en quatuor montrent l'équilibre, la présence et l'adaptation des voix les unes aux autres.
Pour accompagner ces quatre solistes, les musiciens du Concert de la Loge sont dirigés depuis le violon par l’énergique Julien Chauvin. Sous les impulsions vives et néanmoins précises de leur chef, les instrumentistes offrent un accompagnement plein de contrastes, attentif sans pour autant se mettre trop en retrait. Après l’énergique ouverture de La finta semplice, les respirations instrumentales, trois mouvements de la Symphonie n°40 en sol mineur parsemés dans le programme, saisissent par leur panache et leur aspect constamment dramatique, voire tempêtueux dans certains passages. Parmi tous ces musiciens investis, en mouvement et emplis du plaisir de jouer cette musique pétillante, il suffit malheureusement d’un seul archet restant coincé sur une pointe pour gâcher l'effet visuel et la cohésion sonore : preuve de l'éloquente et si subtile mécanique mozartienne.
Les applaudissements enthousiastes remercient les artistes de cette soirée de gala pétillante, sensible, joyeuse.
ANNIVERSAIRE | 267 ans de bonheur en musique, ça se fête, non ? #Mozart est né un 27 janvier 1756 à Salzbourg Ce samedi, venez écouter les plus grands airs et duos de ses opéras à l'occasion du #GalaMozart ! https://t.co/qsLMiI5LtG pic.twitter.com/8Ecb768JgJ
— Théâtre des Champs-Elysées (@TCEOPERA) 27 janvier 2023