Anniversaire avec pyrotechnie mais sans confettis pour Max Emanuel Cenčić à Bayreuth
Au Festival Bayreuth Baroque, Max Emmanuel Cenčić est un peu l’homme à tout faire : il y chante, il y met en scène, il en est Directeur artistique mais aussi agent d’artistes qui s’y produisent. Bref, il n’a pas le temps de s’ennuyer. Ce soir-là, c’est lui qui occupe la scène de l’Opéra des Margraves, accompagné par l’ensemble Armonia Atenea dirigé par George Petrou, pour une soirée de gala donnée à l’occasion de ses 40 ans de scène (il a débuté à 6 ans parmi les Petits Chanteurs de Vienne). Un anniversaire au cours duquel il interprète huit airs parmi les plus fameux écrits par Haendel pour le castrat Senesino. Une soirée relativement courte donc (malgré un entracte), à peine prolongé d’un bis, le chanteur expliquant dans un sourire que ses nombreuses responsabilités ne lui ont pas permis d’en préparer plus.
Pour cette célébration, pas d’invités, donc, ni de surprises. Pas de bougie non plus, et donc pas de flamme : le contre-ténor interprète les airs comme une démonstration sans réellement donner vie aux personnages qui se succèdent sous ses traits. Il sourit d’ailleurs même lorsque son personnage est contrarié. L’homme de la soirée n’en est pas moins fêté par le public, avant même sa première note, et tout au long du spectacle jusqu’à finir par une ovation debout. Le public apprécie bien sûr avant tout l’impressionnante prestation technique : sa voix est habile et ferme, son timbre vermeil, ses vocalises précises, son vibrato léger et rapide, son souffle très long, sa diction soignée. Surtout, il gagne en investissement émotionnel au fil de la soirée, enrichissant d’autant son chant. Habillé d’une veste en velours verte, il positionne ses mains devant lui dans une gestique de danseur, soit étendues à plat, soit les index levés ou encore les paumes vers le public.
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George Petrou, qui dirige par des gestes amples et vifs, et Armonia Atenea ne sont d’abord pas dans un esprit de fête : les tempi manquent d’allant, les nuances sont peu prononcées et l’interprétation est finalement trop lisse. L’ensemble montre tout de même une grande cohésion d’ensemble et produit un son gracieux, sauf dans le « Va tacito » extrait de Jules César où le cor naturel est à la peine dans sa -certes très complexe- partition. Ce (grand) cor malade n’est d’ailleurs hélas toujours pas rétabli dans « Se la mia vita » extrait d’Ezio. Logiquement, ces défauts se font moins ressentir lorsqu’il explore un registre plus sérieux, comme dans « Ombra Cara » extrait de Radamisto. Surtout, l’interprétation de l'ensemble gagne en intensité au fil de la soirée, comme gagnée par le surplus de conviction porté par Max Emanuel Cenčić.