Lise Davidsen de Wagner à Grieg en passant par Puccini au Festival Castell de Peralada
Le programme propose bien entendu du Wagner, la première partie s'ouvrant et se refermant avec les deux rôles que cette désormais spécialiste interprète en ce même mois d'août au temple du compositeur qu'est le Festival de Bayreuth : Elisabeth de Tannhäuser et Sieglinde de La Walkyrie. La chanteuse propose également des Lieder (de Brahms, Weber et Strauss) en première partie, mais aussi en seconde partie du Verdi, Grieg, Kálmán et même Gershwin qui déploient moins la puissance de son timbre mais en dévoilent d'autres brillances.
La réputation de Lise Davidsen la précède (le public l'applaudissant longuement et avec insistance dès qu’elle paraît sur scène) et elle se confirme dès la première note : l'auditoire restant bouche-bée, collé aux chaises face à cette voix gigantesque qui aurait mérité une plus grande salle encore. À l’instar du concert de Sonya Yoncheva deux jours plus tôt, la résonance fait réverbérer les aigus dans la nef de l’église et réduit légèrement leur netteté. La chanteuse fait nonobstant une démonstration de puissance vocale naturelle, ainsi que d’un grand dramatisme (Wagnérien mais en le menant aussi vers le répertoire italien annonçant sa participation au Triptyque de Puccini au Liceu à la fin de cette année). Sa voix est large et riche en harmoniques, son timbre d'une beauté veloutée avec des aigus lumineux, des départs et des fins de phrases suaves, des médiums très délicats ainsi que des graves profonds et sonores.
La pianiste française Sophie Raynaud accompagne la soprano avec l'élégance d'un jeu raffiné et précis. Elle reste toujours très attentive à la chanteuse et s’adapte facilement aux changements d'inflexions vocales (et de répertoire). Son jeu se fait particulièrement intense pour Richard Strauss, tout en conservant le grand soin de sa souplesse, et réciproquement.
Sous le charme, d'emblée et tout au long de la soirée, le public remercie un tel déploiement de virtuosité en applaudissant debout pendant de longues minutes, rappelant la soprano à cinq reprises jusqu’à obtenir les deux bis qu’elle avait préparés : Vissi d’arte de Tosca, de Puccini qu’elle "aime tant", et un hommage mémorable à son compatriote Edvard Grieg, avec Letzter Frühling (Dernier Printemps).