Final avec Shéhérazade au Festival International de Musique de Chambre de Provence
Pour sa soirée de clôture, la 30e édition du Festival International de Musique de Chambre à Salon-de-Provence propose un programme aussi dense qu’éclectique. De Franz Schubert avec le mythique Quintette de « la Truite », à la création contemporaine (avec deux pièces de Jules Matton, en présence du compositeur), en passant par des Chants traditionnels chypriotes, Claude Debussy, Maurice Ravel, et deux compositeurs (malheureusement) moins connus que sont Franz Doppler et Georges Hüe, la soirée est une ode à la musique d’ensemble, dans le respect de l’esprit insufflé par les concepteurs et directeurs du Festival : Paul Meyer, Eric Le Sage et Emmanuel Pahud. Les trois comparses apportent d’ailleurs largement leur contribution au concert, avec un plaisir flagrant, et mêlent leurs talents à ceux de plus de quinze artistes pour la plus grande joie des nombreux spectateurs réunis dans la magnifique Cour du Château de l’Empéri.
Les amateurs d’art lyrique saluent la prestation d’Anara Khassenova dans deux créations de Jules Matton jouées en ouverture de chaque partie. La soprano d’origine Kazakhe prend d’abord un rôle d’instrumentiste à part entière dans le sextuor de la première partie, chantant assise parmi les membres de l’ensemble et ponctuant d’une voix pure à la ligne mélodique très droite les harmonies complexes proposées par le compositeur. Sa voix se mêle harmonieusement à celle de la clarinette de Paul Meyer au cours du premier mouvement et s’adapte aux caractères très contrastés des deux suivants. Mais elle se révèle pleinement dans la pièce d’ouverture de la deuxième partie, où sa voix est mise en avant dans un rôle plus soliste.
La Franco-Chypriote Sarah Aristidou livre elle aussi une performance remarquée. Aussi à l’aise dans des mélodies françaises de Georges Hüe, où elle montre tout son phrasé mélodique, que dans des chants traditionnels Chypriotes en voix de gorge qu’elle interprète avec passion, la soprano impressionne le public par sa polyvalence. Dotée d’un ambitus particulièrement étendu et d’une belle longueur de souffle, elle conserve rondeur, douceur et puissance sur toute la tessiture. De surcroît, son jeu de scène expressif, allié à une diction très claire, créent une communion avec le public.
La soirée se conclut sur les applaudissements nourris du public visiblement conquis. Les artistes reviennent plusieurs fois saluer, accompagnés par l’équipe du festival à laquelle chacun rend ici hommage. Malgré l’insistance du public, l'absence de bis est immédiatement pardonnée au vu de l'investissement et de la qualité d'exécution de ce programme marathon.