Fables Lyriques de La Fontaine au Festival OFF d'Avignon
Le spectacle mis en scène par Léna Rondé se divise en quatorze petits tableaux, un pour chaque fable, chacune avec sa propre morale. Le décor consiste en une petite armoire en forme d’escalier avec plusieurs tiroirs qui semblent prendre vie par moments, avec des accessoires qui ont, pour la plupart, un but spécifique dans les fables, comme la carapace de la tortue, un ballon Blanc qui prend la place du fromage du corbeau, un avion miniature qui part survoler les têtes du public…
Sur une petite table de chevet, un magnétophone sert également de fil conducteur, la compositrice (Isabelle Aboulker) parlant de sa création, de sa relation personnelle avec les fables de La Fontaine et de son lien avec son père, qui lui racontait ces fables. Les instrumentistes accompagnent les chanteurs depuis le coin de la scène (la pianiste Ernestine Bluteau, la violoncelliste Marina Nguyen The et Maïté Atasay avec sa clarinette). Elles participent toutes les trois au spectacle, prenant la parole à plusieurs reprises et expliquant au public, à la place du fabuliste, la morale et les sensations données par chaque fable.
Les deux chanteurs, habitués de la scène, déclament leur texte de façon claire et vivante. Comme pour leur autre spectacle également à l’affiche chaque jour en ce Festival (Un conte du chat perché également sur une musique d’Isabelle Aboulker, au Théâtre des Barriques à 11h40) ils imitent les animaux avec leurs voix agiles, leurs mouvements et même leur façon de s’exprimer. Il est donc très facile de reconnaître chacun des personnages et chacune des fables (le corbeau et le renard, le lion devenu vieux, le lièvre et la tortue). Leurs expressions corporelles et faciales jouent aussi un rôle essentiel dans la façon dont ils s’approchent du public et captivent son attention, surtout celle des plus jeunes.
La mezzo-soprano Marie Blanc fait montre d’un joli timbre, avec une voix ronde et chaude. Le style particulier et très élégant de son chant déploie un phrasé au legato très raffiné (sa projection suffisant largement pour remplir la salle avec sa voix).
Le baryton Philippe Scagni charme également le public avec une voix généreuse et extrêmement versatile : aiguë et claire en voix parlée, profonde et très émouvante lorsqu’il incarne le lion devenu vieux, volontairement pincée lorsqu’il joue le rôle du canard qui se moque de la tortue. Drôle quand il le faut et déchirant quand il le veut, il montre avec son jeu sur scène sa grande capacité de chanteur-comédien (il est toutefois dommage que la résonance de la salle, surtout vers les derniers rangs, ne permette pas d’apprécier aussi distinctement que possible la richesse vocale des deux chanteurs).
Le jeune public très réceptif et les adultes emplis de nostalgie, s’émeuvent aisément de ces fameuses histoires chéries, avant de saluer le spectacle tous en cœur par de longs applaudissements.
Note de la rédaction : Philippe Scagni, interprète dans ce spectacle, rédige par ailleurs sur Ôlyrix des comptes-rendus de productions avec lesquelles il n'a pas de liens