L'Amour de l'Opéra aux Rencontres Musicales de Cambrai
L’Orchestre Philharmonique des Hauts-de-France est emmené par son chef Jean-Pierre Wiart (également Directeur artistique du Festival), avec un enthousiasme qui se ressent tout au long du concert et de ce projet général qui ambitionne une double dimension de formation de jeunes musiciens et de diffusion territoriale des répertoires. La fougue de l’ouverture des Noces de Figaro de Mozart plonge ainsi pleinement vers le lyrisme tragique du Prélude du troisième Acte de La Traviata de Verdi, et dans les émotions pleines et contrôlées de l’Intermezzo de Cavalleria Rusticana (Mascagni). Le chef est attentif à offrir constamment un écrin sensible au déploiement lyrique du programme.
Au-delà d’un simple récital, Fabienne Conrad compose ainsi un programme sur le fil rouge de l’amour, explorant ses différents visages de Mozart à Gustave Charpentier. Elle introduit judicieusement, en peu de mots, les diverses œuvres réunies, avec la juste dose d’informations pour permettre à l’auditoire une réception plus efficace.
D’une grande élégance, et avec une constante qualité de présence scénique, Fabienne Conrad est dotée d’une voix de soprano spontanément ample et déployée, parfaitement audible tout au long d’une tessiture fort longue, avec un timbre riche et capiteux. Selon les visages de l’amour convoqués ici, elle sait se faire juvénile, mais aussi frénétique ou onirique. Sa large palette dynamique est déployée avec finesse et un grand sens théâtral exprimant la posture oblative de l’interprète face à l’amour (de son art) jusqu’au déchirement de Liù avant de saisir par la retenue du “Vissi d’arte” exprimant l’incompréhension de Tosca, devant son destin.
Après ce marathon lyrique, et devant l’enthousiasme de l’auditoire, Fabienne Conrad le gratifie en bis du fameux méconnu “Ebben ? Ne andro lontana” sombre et mélancolique, avant une réjouissante “Heure exquise”, en effet !