Le Potager musical du Roi à Versailles a la main verte avec Martina Russomanno
Introduits sur scène par le Directeur artistique du Festival, Jean-Paul Scarpitta qui réserve à tous les artistes un accueil chaleureux et affectueux, le duo, manifestant une énergie communicative et une forte passion tout au long du programme, dévoile un répertoire vocal qui fait voyager entre l’Italie, la France et l’Espagne, le Brésil et l’Autriche avec des arias d’opéra et des mélodies, de Fauré, Debussy, Puccini, Verdi, Mozart, Obradors et Villa-Lobos.
La soprano italienne (membre de l’Académie de l’Opéra de Paris avec laquelle ce Festival noue des liens privilégiés) régale les spectateurs à travers sa voix limpide et pure, mais caractérisée par un timbre chaud et riche, même dans les aigus (la légère amplification sonore permettant de porter sa voix en plein air comme elle l'aurait été en intérieur, tout en conservant la perception de ses qualités de timbre). La maîtrise du souffle lui permet de garder une ligne vocale bien articulée dans toutes les langues. L’aspect le plus marquant est son interprétation scénique : avec un sourire constant sur son visage, Martina Russomanno montre en effet un jeu d’actrice transportant le public dans les caractères disparates des pièces avec conviction et énergie, en passant des moments les plus intimes en pianissimo jusqu’aux passages les plus joyeux en forte. Sa technique agile et précise respecte au mieux la rythmique et la musique d’accompagnement, en créant une forte synergie avec le pianiste. Un dernier élément remarqué est la performance menée presque par cœur (même si la partition est présente) qui permet une incarnation des différents personnages encore plus convaincante dans le cadre d’un récital.
Ramon Theobald au piano, avec son toucher délicat et doux, accompagne habilement la voix, en suivant toutes les variations d’intensité et de caractère, dans une forte entente avec sa partenaire artistique. Dans les deux intermèdes solistes qui permettent à la chanteuse de sortir de scène pendant quelques instants, les notes du piano tissent une agréable continuité musicale avec un son intime et émouvant à la fois.
Le public salue avec grand enthousiasme les deux jeunes artistes qui remercient avec deux bis en hommage à leurs terres d’origines respectives : une chanson brésilienne ainsi que le fameux “O mio babbino caro”.