Cyrille Dubois et Tristan Raës sur les ailes de la mélodie et du Lied aux Invalides
Le ténor Cyrille Dubois et le pianiste Tristan Raës, après avoir tous deux fréquenté la classe d’Anne Le Bozec au Conservatoire National de Musique de Paris, forment depuis plusieurs années le duo Contraste qui se dévoue avec enthousiasme et amour à l’interprétation du répertoire de la mélodie, notamment française. Le programme proposé ici se trouve réparti avec acuité entre le répertoire français et allemand, dans une alternance heureuse qui fait fi des frontières et des genres. Et cette oscillation permanente est portée par la complicité artistique, constante et profonde, des deux musiciens.
Trois mélodies de César Franck ouvrent le programme, pages musicales qui figurent bien entendu dans la parution toute récente de l’intégrale des mélodies du compositeur par Tassis Christoyannis. À la voix de baryton sonore de ce dernier, répond ici la délicatesse et le raffinement de l’approche de Cyrille Dubois notamment dans Ninon sur un texte d’Alfred de Musset, Souvenance d’après Chateaubriand et Vase brisé. Les cinq Lieder tardifs de Brahms de l’opus 106, offrent au ténor une autorité toute nouvelle et d’une affirmation plus sombre. La voix s’étoffe, se pare de couleurs plus déterminées et révèle un médium, mais aussi un grave, désormais plus présents. Le dernier Lied, Ein Wanderer entraîne l’auditeur vers des chemins plus escarpés, beaucoup plus dramatiques (deux extraits des Wesendonck Lieder de Richard Wagner réaffirment ces mêmes qualités dans le répertoire allemand, tandis que la complicité se déploie avec Mädchenblumen/Jeunes filles en fleurs du jeune Richard Strauss). Cyrille Dubois aborde également le délicieux Colibri d’Ernest Chausson puis une mélodie très développée et moins connue de ce dernier, La Caravane, où la maturité de l’artiste trouve pleinement à s’épanouir avec un aigu percutant et une interprétation très prenante. Tristan Raës apparaît en symbiose, avec son toucher tout en délicatesse, mais qui aurait pu être plus marqué et vif.
L’intégrale très attendue des mélodies de Gabriel Fauré gravée par ce duo Contraste étant annoncée pour la fin de ce mois de mai, un florilège de mélodies très diverses de ce compositeur est ici proposé (de l’incontournable Clair de Lune à la ravissante Fée aux chansons, Arpège ensuite, puis sur la rarement entendue Sérénade du Bourgeois gentilhomme, extrait d’une musique de scène pour la pièce de Molière).
L'auditoire peut comprendre tout le texte sans que pour autant un sort ne soit réservé à chaque mot. Le cadeau de bis et de Noël (titre d'une autre mélodie) est offert en ce beau mois de mai, avec une Chanson d’amour et l’irrésistible Après un rêve.
Très enthousiaste, le public séduit a du mal à laisser partir les deux artistes au terme de ce récital (il pourra le retrouver toujours à Paris le 2 juin prochain dans un programme dédié à Reynaldo Hahn et Gabriel Fauré dans le cadre de l’exposition "Marcel Proust, Du côté de la mère", présentée au Musée d’art et d’histoire du judaïsme).
[Duo Contraste : concert du 16 mai] Rencontre avec le duo composé du pianiste Tristan Raës et du ténor Cyrille Dubois, qui se produira le 16 mai pour un programme sous le signe de Wagner, Brahms, Fauré... entre autres !https://t.co/6cupJ6qAwM pic.twitter.com/nKeMpBvxIt
— Saison musicale - Invalides (@InvalidesMusic) 3 mai 2022