Rigoletto à Liège, prise de rôle attendue pour Jodie Devos
Succédant à Amartuvshin Enkhbat dans le rôle-titre, le baryton roumain Sebastian Catana campe un bouffon plus traditionnel que son confrère, plus ancré dans une certaine norme. La voix plus claire aussi de timbre remplit pleinement son office, assez large en somme, mordante et pleine d’assurance. Pour l’avoir interprété à plusieurs reprises à la scène depuis le début de sa carrière, Sebastian Catana apparaît rompu à un rôle dont il connaît bien les difficultés vocales, sur la durée notamment. Il se ménage un peu à plusieurs reprises pour mieux s’affirmer ensuite avec éclat. Son interprétation de l’air central dénonçant les Courtisans déploie grande classe et haute tenue. Le portrait d’ensemble paraît moins fouillé toutefois dans le cadre d’une mise en scène qui pose aussi des exigences (et que nous vous détaillons dans le compte-rendu de la première distribution).
Jodie Devos hélas souffrante pour la soirée de ses débuts dans le rôle de Gilda, n’était pas assez rétablie pour assurer sa seconde représentation prévue et a déjà annulé la troisième (reste à souhaiter que la quatrième sera la bonne). Elle est donc remplacée par la jeune soprano tchèque Lucie Kaňková. Cette dernière qui a déjà interprété le rôle en scène dans son pays natal se trouvait déjà à Liège dans le cadre des répétitions de la prochaine production lyrique qui sera présentée in loco le mois prochain, Mignon d’Ambroise Thomas (dont nous vous présentons les personnages dans notre nouvelle série d’Air du Jour). Elle sera la doublure de Jodie Devos dans le rôle brillant de Philine. Dotée d’une voix agile et fraîche de soprano lyrique voire colorature, encore un peu fragile toutefois sur la durée, d’une personnalité sensible et musicienne, elle aborde le rôle de Gilda avec candeur et une innocence presque désarmante.
Le Duc de Mantoue ne pose aucun problème particulier au ténor Giuseppe Gipali. La voix apparaît franche et directe, l’aigu est émis avec force et clarté, l’artiste dévoilant une belle autorité. Le personnage demeure cependant dans la tradition du paraître alors que son confrère, Ivan Ayon Rivas, lui conférait plus de subtilités. Les autres interprètes de la représentation demeurent à l’image de leurs prestations respectives.
Daniel Oren, en grand spécialiste de cette musique, maintient ardemment le cap au-delà des changements opérés au sein de la distribution, prêtant une attention particulière à la Gilda qui sauve le spectacle, Lucie Kaňková. Le public salue chaleureusement cette dernière ainsi que l’ensemble des artistes et musiciens.