Angelord Blaise remporte le prix Voix des Outre-mer 2022
Représentant Haïti, Angelord Blaise remporte le prix Voix des Outre-mer. Ce contre-ténor de 24 ans fan de Farinelli s’appuie sur un timbre chaud dans son interprétation de « Che farò senza Euridice » extrait d’Orphée et Eurydice de Gluck, dont il pourra encore polir les phrasés. Sa voix bien appuyée, moins projetée dans les piani toutefois, laisse en effet augurer, à force de travail, de beaux accomplissements dans les années à venir.
Si un podium avait été instauré, deux candidates auraient sans nul doute mérité d’y figurer. La Réunionnaise Clara Bellon, dont la carrière est d’ailleurs déjà lancée en Métropole (et qui était déjà Finaliste de ce concours en 2019), inaugure la soirée avec le « Je veux vivre » du Roméo et Juliette de Gounod, d’une voix posée à l’agilité maîtrisée. Son phrasé valsant n’empêche nullement l’épanouissement d’une voix appuyée au timbre argenté. Egalement lancée dans un début de carrière professionnelle, la Calédonienne Jennifer Pellagaud, dans l’air des bijoux de Faust, expose une voix épaisse et chaude avec une diction soignée. Si elle simplifie certains effets vocaux, elle n’en montre pas moins une agilité au service d’un récit bien conduit.
Lauréate du prix d’Encouragement Voix des Outre-mer, la Guadeloupéenne Marie-Angélique Marsolle était en revanche encore inconnue de nos pages alors même que sa voix mature et bien posée offre un vibrato vif, rond et célère. Son timbre rougi aux reflets sombres illustre la gravité de son propos dans l’air final de La Traviata. Seule l’incarnation restera à affiner pour accéder à une prometteuse carrière.
Eddy Haribou, représentant Mayotte, remporte le Prix Jeune talent en interprétant « It ain't necessarily so » extrait du Porgy and Bess de Gershwin. De fait, sa voix large au timbre charbonné ouvre de belles promesses. Il devra toutefois encore gagner en précision dans sa justesse et dans son phrasé, notamment sur les fins de phrase et dans son rythme swingué.
La Guadeloupéenne Maeva Lesi remporte le Prix d’encouragement Jeune talent pour son « Voi que sapete » extrait des Noces. Elle appuie déjà sa voix sur son plexus pour projeter avec sûreté un timbre gracieux. Sa justesse reste toutefois approximative.
Enfin, le Prix d’encouragement Autodidacte est attribué à Chaima Assani représentant Mayotte ainsi qu’à la Martiniquaise Naïly Pignet. Toutes deux n’ont que 15 ans, mais déjà de très beaux timbres, soyeux pour la première, doux et pur pour la seconde. Elles manient une technique pas encore lyrique, générant d’importants défauts de justesse mais qui concourent à dessiner des interprétations touchantes.
Parmi les autres candidats, citons encore la Martiniquaise Anny Davidas qui s’empare du grand air de La Wally dans un style dramatique maîtrisé. Sa voix bien émise, laisse entendre un vibrato fin qui s’élargit dans de grands élans lyriques. Ne lui reste qu’à développer son incarnation pour mieux transmettre l’émotion. Enfin, la Polynésienne Laetitia Jullian adapte la Sérénade de Schubert en tahitien. Sa voix très projetée révèle un timbre ensoleillé avec un vibrato fin et vif. Très expressive, elle déploie son chant avec justesse, le visage illuminé d’un sourire, ses grands gestes dessinant l’esquisse d’une danse.
Une fois les résultats annoncés, le public conquis par l'enthousiasme des jeunes chanteurs (lauréats ou non) remercie chaleureusement ces artistes en devenir, entourant le fondateur de ce concours, Fabrice di Falco.