Noël à l’Opéra de Nice : diversité musicale et nouveauté au pied du sapin
Le programme de ce concert de Noël fait suite à deux concerts dédiés aux chœurs, l’un d’enfants, l’autre d’adultes. Il réunit les deux formations ce soir, comme en miroir d’un public venu en famille. Sans se faire trop didactique, la programmation détient une portée pédagogique, les œuvres étant d’une grande lisibilité (sinon notoriété) afin que le public de tout âge puisse s’en approprier le rythme et la mélodie, d’une part, le sens et la symbolique, d’autre part : la Little Jazz Mass de Bob Chilcott et Célébration – Une messe pour le XXIe siècle de Sergio Monterisi en création mondiale encadrent des chants de Noël.
Le Chœur d’enfants de l’opéra de Nice, préparé et en partie dirigé par le bouillonnant Philippe Négrel, à la gestique libérée quand il le faut, est placé au cœur du spectacle. L’ensemble, d’âges s’échelonnant de la sortie de la petite enfance à l’entrée dans l’adolescence, se montre particulièrement endurant, concentré et joliment paré de diverses couronnes de Noël. Les petits lutins-chanteurs niçois restent ainsi debout et attentifs pendant les trois quarts du spectacle dans lesquels ils interviennent. Ils le font soit a cappella, soit accompagnés par quelques musiciens de l’orchestre dans le collier de perles de leurs chansons rituelles. Ils le font surtout avec le Chœur d’adultes de l’Opéra, lors de la longue messe qui clôture le concert.
Si la vue est enchantée par la jeunesse joyeuse et colorée, l’oreille est charmée par la délicatesse doucement ondulante de leur timbre, tel un bolduc nacré, ainsi que la précision de leur diction, aussi bien dans le latin, le français, l’anglais que l’espagnol. Le public apprécie particulièrement The Little Drummer Boy, dont ils maîtrisent le rythme et la dynamique de manière saisissante, l’apesanteur suspendue d’Amazing Grace, et l’engagement physique de We Wish You A Jazzy Christmas, qui est bissé. Le Chœur d’adultes intervient quant à lui, exclusivement dans le cadre liturgique des deux messes qui encadrent le spectacle et s’en donne visiblement à cœur joie (sans toutefois se donner corps et âme à la danse) dans les mariages entre liturgie et groove.
Leur chef, Giulio Magnanini, efficace et précis prolonge les mouvements et insuffle une sonorité qui repose sur la diction et le legato davantage que sur le vibrato d’opéra. Les musiciens de l’Orchestre Philharmonique de Nice, qui appartiennent tous à la famille élargie des percussions, sèches ou résonnantes, métalliques ou épidermiques, acoustiques ou électriques, constituent le coussin sonore puissant et délicat des chœurs divisés ou réunis. Placés à l’avant-scène, ils construisent une composition au souffle tendre et puissant, une sorte de crèche instrumentale qui célèbre la naissance du divin enfant.
Le public familial conquis applaudit et salue longuement le spectacle. Il ponctue avec un enthousiasme spontané chaque pièce puis l’ensemble des forces scéniques, ses deux chefs ainsi que le compositeur visiblement heureux d’avoir mis au monde sa Messe en cette période.