« Passages » obligés pour l’ensemble InAlto au Festival de Saintes
Accompagnées par les sonneurs jouant sur instruments anciens, trompettes, sacqueboutes, orgue ou encore le cornet à bouquin, instrument de prédilection de Lambert Colson qui assure également la direction de l’ensemble d’une main experte, l’ensemble vocal et instrumental InAlto fait revivre et revisite des œuvres vocales presque oubliées.
Plus qu’un passage, il s’agit de rencontres. Dans le choix des compositeurs qui font se rencontrer musiques vocales et instrumentales. Dans la déambulation des six chanteurs, une mise en espace ou chanteurs et instrumentistes jouent et défient l’acoustique de l’abbaye. Un maillage et une alternance des couleurs sonores entre instruments et voix.
Dès les premières notes, le public est transporté « In Alto » (en altitude) avec Ludwig van Beethoven Aequale n° 1 Miserere, et Aequale n° 3 Amplius. Des equales à l’origine écrites pour trombones composées en 1812 pour l’office des morts, et présentées ici dans la version adaptée pour quatuor de voix d’hommes. Geoffroy Buffière, une basse généreuse et enveloppante, un phrasé efficace qui apporte le soutien subtil et indispensable au « superius » chanté par Bart Uvyn, contreténor, aux aigus clairs et justes. Tomas Lajtkep, ténor, dispose d'une voix tonique et équilibrée qui vient se fondre avec la voix de Vojtech Semerad, ténor également et spécialiste du violon baroque, chef de chœur, qui illumine l’ensemble par une présence scénique et vocale solaire.
Les voix de femmes font alors leur entrée dans un tuilage des voix portant le Klag-Lied, élégie composée par Dietrich Buxtehude en hommage à son père mort en 1674. Alice Foccroulle, soprano, s'y épanouit dans un ambitus qui couvre près de deux octaves, avec une voix légère et tonique, et des sonorités lyriques mozartiennes. Anne Magouët, soprano, reste en retrait, sa production sonore restant retenue dans un souci d'équilibre sonore collectif.
Le motet Ich bin Blum zu Saron et le choral Herzlich tut mich verlangen de Jean-Sébastien Bach sont pleinement incarnés, d’une diction experte.
L’ensemble offre au public une temporalité méditative et spirituelle saluée par un public comblé.
Retrouvez notre interview du Directeur Stephan Maciejewski à l'occasion du 50ème Festival de Saintes