Les Voix Solidaires à l’Opéra de Massy
Les Voix Solidaires est un concert organisé par le CALMS, Collectif des Artistes Lyriques et Musiciens pour la Solidarité, créé à Marseille à la suite des effondrements des immeubles de la rue d’Aubagne en novembre 2018. En tournée dans toute la France sur le mois de juin (notre compte-rendu avignonnais), leur nouveau projet met à l’honneur le combat d’associations qui protègent les femmes victimes de violences, en leur reversant l’intégralité des recettes du concert. Les organisations mises en lumière à Massy sont Léa Solidarité Femmes, Paroles de femmes – Le Relais et Femmes Solidarité 91.
Le baryton Mikhaël Piccone se tient en présentateur de la soirée prenant le micro au début du concert, accueillant le public massicois. À ses côtés, le Directeur Général de l’Opéra de Massy Philippe Bellot et la Maire adjointe à l'Éducation et à l'égalité femmes/hommes rappellent les évènements tenus plus tôt dans la journée : des écoliers de la ville ont pu rencontrer les artistes dans l’après-midi et participer à des ateliers au sein de l’opéra, mais aussi à l’extérieur où différentes animations étaient proposées.
Au programme de ce concert, les grands classiques du répertoire lyrique sont en vedette : les incontournables de Mozart (La Flûte enchantée, Cosi fan tutte, Don Giovanni), les compositeurs italiens (Bellini, Donizetti, Rossini, Puccini et Verdi), ou encore l’opérette d’Offenbach et des notes parmi les plus célèbres de Wagner. Un thème semble tout de même mis en avant au fil du concert : les relations femmes/hommes. Sur scène, les artistes se découvrent, se regardent, s’enlacent, se déclarent leur flamme, se laissent et se tuent. C’est avec le fulminant « C’est toi ? C’est moi ! » où Don José assassine Carmen que se termine le concert avant des applaudissements tonitruants du public, empreints d’une émotion palpable.
Toutes les générations sont réunies. En Gilda, Clara Leloup est un rossignol dans un extrait du Rigoletto de Verdi, tandis que la Mimi de Fabienne Conrad apporte tout en nuances un vibrato resserré qu’elle échange avec le Rodolfo de Bruno Robba à la voix de tête délicate (La Bohème de Puccini). Du côté des chanteurs, le duo Mathias Vidal et Anas Séguin fait forte impression dans le Quintette de Carmen, le ténor projetant son timbre solaire avec aisance et le baryton plus sombre et tinté de cuivre, tous deux très complices. Les deux Carmen de la soirée représentent parfaitement l’évolution du personnage au fil du livret : la mezzo-soprano Gosha Kowalinska est flamboyante et son timbre est clair, quand Béatrice Uria-Monzon prête son chant voilé d’amertume pour mourir dans les bras de Marc Laho.
Les plus beaux moments restent les ensembles tels que le "Va Pensiero" de Nabucco (Verdi) avec en tutti la Barcarolle des Contes d’Hoffmann (Offenbach) ou encore La Chevauchée des Walkyries de Wagner, moment de fierté et de puissance de la part des sept femmes sur scène.
Les artistes font un petit détour en deuxième partie de soirée par des répertoires bien différents : Sébastien Lemoine, Grégory Benchenafi et Emilien Marion se font crooners d’un soir dans une version bilingue de « My Way / Comme d’habitude ». La clarté de leur timbre se prête pleinement à l’exercice, et ce plus particulièrement pour Benchenafi qui interprète brillamment le Tony emblématique de West Side Story (Bernstein).
C’est après la remise des recettes de la soirée aux associations que la soirée s’achève, sur « C’est l’amour » de Louis Ganne (Les Saltimbanques), repris par le tutti, les enfants de la maîtrise de l’Opéra de Massy et par le public debout.