Le Voyage dans la Lune d’Offenbach, nouveau grand projet du CFPL
Coproduction entre 16 maisons d'opéra, en plus du Centre Français de Promotion Lyrique (CFPL) et du Palazzettto Bru Zane, cette production du Voyage dans la Lune d'Offenbach, dont le décollage a été perturbé la saison dernière par la pandémie, tournera en France durant plus de deux ans. Pour assurer la pérennité et la résilience de ce projet, tout a été fait pour favoriser la concorde entre les nombreuses parties-prenantes, et ce dès le recrutement des artistes, comme le narre Raymond Duffaut (Président du CFPL) : “Il est difficile de faire un appel à projet pour le poste de Directeur musical, mais nous devions malgré tout faire un choix qui soit le plus commun possible. Le nom de Pierre Dumoussaud a été choisi de manière unanime.” Le chef d'orchestre peut ainsi se sentir soutenu et même plus que secondé, comme il nous l'explique : “Le CFPL m’accorde de ne pas être tout seul à la direction musicale puisqu’ils donnent également sa chance à Chloé Dufresne, qui dirigera une bonne part des représentations de la tournée. Elle sait ce qu’elle veut, ce qui est important dans notre métier. Nous avons échangé sur la partition, et en même temps, il n’y a pas de débat lorsqu’une décision doit être prise alors que je suis face à l’orchestre, ce qui aurait pu rendre les choses très difficiles : je lui en sais gré. J’ai le confort de pouvoir créer une production tout en me nourrissant de ses propositions et de son interprétation.
Pour moi, ce sera l’occasion de rencontrer un certain nombre de théâtres et d’orchestres avec lesquels je n’ai pas encore collaboré, notamment dans le Sud de la France. Une fois que la création sera faite, le planning ira plus vite pour les prochaines reprises. J’aurai donc du temps pour faire d’autres choses (et il y a d’autres belles choses de prévues) tout en ayant le plaisir d’avoir quelques rendez-vous avec une troupe que l’on connaît. Cela permettra de se ressourcer.”
“Pierre Dumoussaud est un homme de théâtre, confirme Valérie Chevalier, Directrice de l'Opéra de Montpellier où se sont déroulées les répétitions : il s’entend d’ailleurs très bien avec Olivier Fredj. Ils forment une très belle équipe. D'autant plus avec cette deuxième cheffe, Chloé Dufresne, qui fait un gros travail de répétition avec les solistes. C’est une jeune femme assez fabuleuse, même si elle n’est pas encore aussi avancée que Pierre dans sa carrière.”
La même logique a présidé pour le recrutement des interprètes, processus que connaît bien Raymond Duffaut mais qui a été ajusté tout en se montrant bien adapté à l’opus : “L’ouvrage permettait de ne pas uniquement faire appel à de jeunes interprètes, ce qui permettait aussi de convoquer une génération de chanteurs parfois un peu laissée sur le bord de la route : entre les grandes stars d’un côté et les jeunes chanteurs qui bénéficient d’un effort considérable de l’autre, il y a toute une génération d'artistes qui a aussi besoin d’être soutenue. Pour distribuer les rôles, nous avons mis en place des auditions par vidéo (ce qui est nouveau pour nous) pour les 450 chanteurs qui ont postulé. Nous en avons sélectionné environ 170 que nous avons entendus en live, puis 50 pour la finale, parmi lesquels nous avons choisi nos deux distributions. Ce projet est ainsi l’occasion d’une audition en direct et en réel pour un nombre très important de jeunes chanteurs, qui sont ainsi entendus par les directeurs de 16 maisons d’opéra.”
"À l’audition, il y avait 15 tables alignées avec tous les directeurs de théâtre associés au projet : la pression était maximale !", nous confiait Marie Perbost, interprète du Prince Caprice dans sa récente interview. “La finale du casting s’est déroulée en juin 2018, raconte Violette Polchi qui tient ce même rôle dans l'autre distribution : j’étais enceinte de neuf mois. J’ai accouché 40 heures après l’audition : j’y ai été avec tout mon cœur et j'ai été comblée que le rôle me soit attribué.”
“Le choix des interprètes pour les distributions s'est fait d'une manière quasi-unanime, témoigne à son tour Alexandre Dratwicki qui insiste sur la richesse indispensable que ce processus apporte à l'opus. Les deux distributions marient les talents mais aussi les expériences. Certains rôles sont très chantants (Prince Caprice, Princesse Fantasia, V'lan) mais sur la trentaine de personnages, beaucoup sont des rôles de caractères, mêlant chant et jeu : c'est l'une des particularités de l'opéra-féerie et en particulier de cet opéra-féerie. Le Palazzetto Bru Zane vise aussi cette particularité, de mettre leur pied à l'étrier pour de jeunes talents, dans des rôles parlés : c'est leur rendre le plus grand service dans la qualité de leur formation continue. On ne peut plus dire que les jeunes chanteurs (français et francophones) ne savent pas se déplacer sur scène, danser, faire de la comédie-musicale. Mais l'idée est de mettre ce travail et ces talents au service d'œuvres qui demandent ces qualités (leur rareté de formation est aussi la raison pour laquelle Le Voyage dans la lune s'est éclipsé du répertoire).”
Double distribution
Pour assurer une si longue tournée, sur trois années et dans 16 maisons d’opéra, ce sont deux distributions complètes (et de talents complets) qui ont été recrutées avec pour objectif “d’offrir les mêmes conditions de travail aux deux distributions. Il y a donc eu deux italiennes, de même qu’il y aura deux générales”, explique Valérie Chevalier, Directrice de l’Opéra de Montpellier, où les deux distributions répètent ensemble, en parallèle, suivant d’ailleurs un code couleur qui répond à celui de la mise en scène, comme le détaille Jérôme Boutillier : “Le spectacle a son univers visuel très poussé : tout ce qui est sur la terre est noir et blanc, tout sur la lune en jaune et bleu. Ce code couleur sert aussi pour une toute autre division : les interprètes alternent dans un double casting. Double casting que nous surnommons IKEA, car modulable, avec une équipe jaune et une équipe bleu (d'autant qu'avec le Covid on ne se mélange pas pendant les répétitions).”
“À ma grande satisfaction, de superbes artistes se sont inscrits à ce concours, explique Pierre Dumoussaud. Les distributions font aussi de la place à des artistes plus expérimentés. Il a fallu trouver un équilibre entre les deux distributions, pour que tout le monde bénéficie des mêmes opportunités, d’autant que nous allons enregistrer un disque et sans doute capter le spectacle pour la télévision. Ce sont de jeunes chanteurs français, dont je me sens proche. On sait que ce spectacle va tourner sur plusieurs saisons : un esprit de troupe va se créer. Cela fait partie des raisons pour lesquelles j’ai choisi de faire de l’opéra : passer trois jours pour un concert symphonique est très excitant et gratifiant, mais il n’est pas possible de créer cet esprit. J’aime prendre soin de 'mes' chanteurs, comprendre leur psychologie, les accompagner au mieux.”
“Être en double distribution nous permet d’avoir un regard différent sur le plateau, témoigne Violette Polchi, d’avoir une vision d’ensemble que l’on n’a pas lorsqu’on est sur scène. Pouvoir observer un autre artiste construire le même personnage et avoir la vision d’ensemble est très riche. Lorsque j’aborde un rôle, j’aime beaucoup créer un univers au-delà de ce qu’apporte le metteur en scène, j’ai donc relu des Jules Verne, notamment Voyage au centre de la Terre. Nuit d’été de Winslow Homer m’inspire notamment pour le duo des pommes, de même que La Vague de Courbet qui se retrouve, avec tous ses cratères, pour figurer la Lune. Ce sont des œuvres qui enrichissent le personnage.”
“Nous sommes servis par un magnifique casting, s’exalte aussi Jérôme Boutillier. Globalement, nous alternons pour les répétitions un jour sur deux selon la distribution : avec un jour sur scène, un jour en salle. C'est une forme de préparation délicate car de fait nous ne pouvons pas travailler l'intégralité de notre partie, mais elle permet de respecter les distances sanitaires, d'être tout de même ensemble. Cela permet surtout de voir ce que fait l'autre et réciproquement, d'autant que nous apportons chacun au rôle notre particularité, non seulement liée à notre identité vocale mais aussi à nos choix. Ainsi, nous nous entendons très bien avec Matthieu Lécroart pour partager le Roi V'lan. Lui fait des variations que je ne fais pas et j'ajoute des éléments qu'il n'ajoute pas. Nous ne sommes pas du tout dans un esprit de compétition, ni dans une uniformisation où le jaune et le bleu devraient faire la même chose. Cette double distribution en alternance incite donc à la communication et au partage, permettant et rendant intéressant le fait de cultiver la singularité au milieu du collectif.” Le metteur en scène abonde : “Pour refaire ce qui avait été répété la veille par l’une des équipes, l’autre équipe venait ainsi spontanément plus tôt répéter également la scène. Tout le monde y a mis du sien et cela a créé une solidarité. C’est merveilleux à voir".
Les interprètes présentent leurs personnages
Cet esprit de troupe, cette solidarité s’incarne pour chaque interprète dans la manière dont il défend son personnage et dont il nous le présente, à commencer par la pierre angulaire de l’intrigue (notamment dans le choix de cette version) : Caprice, qu'interprète Violette Polchi et qu’elle nous présente comme “un jeune garçon très malicieux et insolent, plein de vie. Il a une fascination pour le voyage, comme beaucoup d’enfants. La moindre nouveauté l’émeut profondément. C’est un rôle très exigeant. Le rôle de Caprice est présent du début à la fin, avec six airs. J’ai une pensée émue pour Zulma Bouffar qui a créé le rôle et a trissé (chanté trois fois de suite) le dernier air. Le fait que les contraintes sanitaires aient conduit à réduire le spectacle à deux heures sans entracte amène un surcroît d'exigence technique et d'endurance, à laquelle je me prépare. C’est par ailleurs un rôle qui va me suivre durant trois ans, et pour lequel je ne veux surtout pas entrer dans une routine. Je sais depuis 2018 que je vais le chanter, j’ai donc eu le temps de me préparer. Depuis que j’ai 17 ans, je travaille avec la même professeure, Madame Mireille Alcantara, qui m’a donc là encore accompagnée. De même, j’ai la chance de retrouver ici comme chef de chant Mathieu Pordoy avec qui je travaille souvent pour préparer mes rôles et mes récitals. Je suis mezzo-soprano : le rôle sollicite beaucoup mon registre aigu. Il a fallu me l’approprier. Durant le confinement, j’ai moins chanté, mais j’ai fait beaucoup de travail à la table. Je suis de surcroît très attachée au théâtre : c’est ce qui fait le plus battre mon cœur dans mon métier. J’y accorde beaucoup de temps, d’autant qu’il y a dans cet ouvrage beaucoup de texte parlé". Sur son interprétation, elle ajoute : "Le fait d’avoir un enfant change ma vision du rôle. Les réactions très franches, sans demi-mesures, nourrissent et inspirent mon personnage. Je suis par ailleurs assez franche et spontanée : certains traits de caractère de Caprice me seront naturels".
Comme tous les rôles, celui de Caprice bénéficie d'une seconde interprète : "Le Caprice de Marie Perbost sera différent, prédit Violette Polchi. Je suis très admirative de son travail et de l’artiste qu’elle est. C’est une amie que je connais depuis nos neuf ans : nous étions à la Maîtrise de Radio France ensemble. Elle est très drôle et a beaucoup d’esprit. Vocalement, nous avons deux typologies vocales très différentes. Certains airs servent mieux ses qualités et d’autres les miennes. Il faudra venir écouter les deux !”
“Ce Voyage dans la Lune aurait dû s’appeler le Voyage de Caprice, ose même Pierre Dumoussaud, tant ce rôle est important. Dans ce contexte de Covid, nous avons coupé en priorité des scènes où il y avait de grands chœurs, un grand orchestre, qui ne permettent pas de respecter les distanciations et qui font moins avancer l’action. Proportionnellement, la part du rôle de Caprice est encore plus délirante : c’est un défi encore plus grand pour Marie Perbost et Violette Polchi. J’ai déjà travaillé avec Violette sur Les P’tites Michu, qui était l’une de nos toutes premières productions à tous les deux il y a quelques années : c’est un peu comme une sœur pour moi. C’est une chanteuse très lyrique et en même temps très à l’aise en scène. Je découvre Marie, mais nous avons tous les deux beaucoup travaillé avec le Palazzetto Bru Zane : nous avons des points de vue stylistiques qui sont proches. J’avais apprécié aussi les vidéos qu’elle avait faites à l’occasion des Victoires de la musique classique : ses interprétations étaient formidables, notamment dans ce répertoire du théâtre musical, ce qui ne l’empêche pas d’avoir une vocalité magnifique."
"Nous avons choisi de distribuer une femme en Caprice, poursuit-il, alors que les dernières productions de l’œuvre avaient plutôt opté pour un ténor. Comme souvent, lorsqu’il y a deux rôles de femmes dont un travesti, ce dernier n’est pas un vrai mezzo : les lignes se croisent très souvent. Caprice doit avoir beaucoup d’aisance dans la dernière octave, autant que dans la poitrine. Du point de vue du CFPL, il aurait été préférable d’avoir un ténor car la production offre moins d’opportunité aux rôles masculins, mais il y avait l’idée de faire un disque et une captation télévisuelle, et donc de travailler sur une édition critique puisque le Palazzetto Bru Zane a fait une nouvelle partition : nous avons voulu nous approcher au maximum des voix pour lesquelles les rôles ont été écrits. Si on donne ce rôle à un ténor, il prend forcément un peu plus de gras car la correspondance du ténor est la voix de mezzo. Cela n’aurait pas reflété l’agilité que demande le rôle de Caprice en face du rôle de Fantasia.”
“On peut être surpris que Marie Perbost, qui est soprane, chante le rôle de Caprice, qui est un rôle de Dugazon, analyse également Raymond Duffaut. J’en ai d’ailleurs discuté avec elle avant les auditions. Elle a décidé de présenter ce rôle malgré tout et a fait une excellente prestation. Elle a une voix claire, avec une belle couleur dans le medium et dans le grave, ce qui lui permet d’aborder le rôle sans problème. Dans l’autre distribution, le rôle sera tenu par Violette Polchi qui a un timbre de voix très différent : c’est une vraie mezzo.”
Autre rôle capital, celui de Fantasia interprété en alternance par Jeanne Crousaud et Sheva Tehoval, deux interprètes que le chef connait déjà également : “J’ai déjà travaillé il y a deux ans avec Sheva Tehoval qui chante Fantasia, dans Fantasio, ici à Montpellier. Elle était une Princesse Elsbeth incroyable de facilité, d’aisance, de souplesse. Il est rare de rencontrer des artistes avec lesquels il est aussi facile de travailler. Quant à Jeanne Crousaud, nous avons collaboré pour La Princesse légère à l’Opéra Comique. Elle a aussi des facilités hors normes, notamment dans la colorature. Elle dispose d’un aigu clair, limpide et facile, ce qui permet de différencier les plans avec la vocalité de Caprice.”
Jérôme Boutillier nous présente à son tour son personnage, Le Roi V'lan : “un rôle entier, qui ne fait pas de concession. Comme son nom l'indique, il règle tout au heurtoir, en un coup, sans faire dans le détail. Le personnage semble ainsi assez univoque, mais justement, c'est tout ce qu'il ne dit pas qui le rend intéressant. C'est un roi fatigué, rôdé à tous les exercices protocolaires, à la parole publique, qui est tenu par son costume et qui en a assez du pouvoir. Le voyage montre que derrière l'armure de l'homme d'État apparemment infaillible, se cache une lassitude et même une tristesse. Dans cette histoire qui s'achève comme Falstaff de Verdi dans un grand éclat de rire, il va renoncer à beaucoup par amour pour son fils : le rôle m'est donc très sympathique et résonne avec mes instincts, mais il est difficile vocalement avec beaucoup d'aigus. Le premier air, qui n'a pas été coupé, est un morceau de bravoure. Le dynamisme vient donc de son fils, que le pouvoir et la succession n'intéresse pas du tout, et qui veut aller dans la Lune. Alors le Roi V'lan le suit, pour qu'il ne lui arrive rien. Mais au final, il y trouve lui-même des avantages et il permet à son fils de se rendre compte de l'essentiel : même quand on a décroché la Lune, il faut encore décrocher l'amour (a fortiori sur cet astre lunaire où l'amour n'existe pas, mais que les habitants vont découvrir en croquant dans la pomme).”
L’adaptation et les coupes rendues indispensables ont bien entendu sacrifié des passages remarquables (à redécouvrir toutefois plus tard, en lien avec cette production). Certains rôles et interprètes ont été particulièrement touchés mais toutefois, ils ont pu se voir accorder une place nouvelle dans la production et sa mise en scène. C’est notamment le cas du Prince Quipasseparlà, comme nous le racontent les deux ténors qui l’incarneront en alternance : “Il lui reste son air, témoigne Enguerrand de Hys, un Rondeau à l’occasion d’un marché de femmes. Les coupes sont compensées par les perspectives de la grande tournée et par ce projet extra-ordinaire qui se déroule malgré tout, malgré les incertitudes qui pesaient même sur les répétitions (donc sur le projet en entier)” “Le Prince Quipasseparlà, à la base, n'est présent qu'au troisième acte, renchérit l’autre interprète du rôle, Pierre Derhet. Olivier Fredj a toutefois voulu tirer pleinement parti de ce personnage qui normalement ne fait que passer. La production le fait intervenir dans presque toutes les scènes : il est continuellement en train de passer par là, et pas toujours en prince : on me fait endosser 15 rôles (médecin, astronome, caissière, hôtesse de l'air). En fait, ce n'est pas vraiment le prince mais le réalisateur de ce film-voyage qui se déguise lui-même (faute de budget dans son film) et couvre les manques de la production (à l'image du Roi Cosmos mettant son propre argent dans la caisse pour équilibrer les comptes de l'État)".
"Ce travail est aussi précieux pour la suite de la production, où les castings vont se mélanger (avec des temps de reprises et de répétitions très courts)” poursuit Pierre Derhet comme l’explique Raymond Duffaut : “Le principe de la tournée fait que, même si le spectacle est tout à fait prêt à la première représentation, il évolue considérablement pour aboutir à un objet très différent à la fin de la tournée. Ne serait-ce que parce que les jeunes chanteurs, qui n’ont pour certain presqu’aucune expérience professionnelle, s’aguerrissent au fil des mois.”
Prolonger le voyage
“La chance incroyable et unique d’avoir une telle tournée, sur trois ans et dans la plupart des maisons lyriques de France, entraîne aussi son lot de contraintes et d'exigences en termes d’adaptation”, précise le metteur en scène Olivier Fredj. Elle dessine toutefois autant de promesses et de perspective, comme l’indique Alexandre Dratwicki : “Cette version a été concentrée pour cause Covid, il est donc possible qu'elle grandisse et réintègre certains éléments au fur et à mesure que les contraintes sanitaires disparaitront.”
“Une discussion est en cours avec les théâtres coproducteurs pour étudier la possibilité d’adapter l'œuvre plus tard à un éventuel relâchement des contraintes, enchaîne Pierre Dumoussaud. Ce qui est sûr, c’est que cette version sera maintenue pour toutes les reprises de cette saison car nous n’aurons pas assez de temps de répétition pour monter un autre spectacle. L’Opéra de Marseille, qui ouvrira la tournée de la saison prochaine, propose de nous donner du temps pour faire de nouvelles répétitions. La question sera alors de savoir s’il sera pertinent de rouvrir des pages une fois que ce spectacle sera monté, aura trouvé sa cohérence, son rythme, son efficacité. Cela va dépendre aussi de la possibilité d’avoir ou non un orchestre et un chœur au complet : certaines pages sont moins intéressantes à rouvrir si nous ne disposons toujours pas des trois trombones et des quatre cors. Offenbach est un immense orchestrateur : certaines pages valent le coup d’être défendues si on a l’orchestration adaptée.” Olivier Fredj témoigne aussi : “Bien entendu nous avons été déçus d’avoir dû couper le chœur du marché, comme le troisième air de Flamma (couplet des demoiselles, charmant et ravissant) et tant d'autres, mais nous aurons donc le plaisir éventuel de retrouver un spectacle à entracte(s) dans ce type de grand opéra féerie.”
Toutefois, la version se tient pour les responsables de la production, et loin d'être un spectacle diminué ou amputé, il est possible que la version demeure, comme l’explique Alexandre Dratwicki : “On se prépare tous à ce que cette version soit fantastique d'efficacité, rodée, et corresponde à l'esprit : elle conviendra sans doute et nous aurons aussi un spectacle qui se souviendra du Covid. Et puis nous fixerons l'intégralité de l'œuvre pour la collection de livres-disques du Palazzetto Bru Zane, dans un enregistrement, en revenant à l'Opéra de Montpellier en septembre prochain : d'autant que les interprètes auront pu profiter de la pratique scénique d'ici là. Et comme les choses sont faites équitablement pour cette double distribution, un casting gravera le disque dans la version intégrale, alors que l'autre casting doit permettre de réaliser une vidéo du spectacle donné à Montpellier.”
Prochaines étapes de la tournée du Voyage dans la Lune :
- Opéra de Marseille du 26 décembre au 4 janvier
- Opéra de Nice du 13 au 17 février
- Opéra de Limoges du 9 au 13 mars
- Opéra de Vichy le 20 mars
- Clermont Auvergne Opéra le 27 mars
- Théâtre de Compiègne le 3 avril