Damien Guillon et Céline Scheen rayonnent de reconnaissance et d’espoir aux Concerts d’automne
Damien Guillon et son ensemble Le Banquet Céleste n’ont plus à prouver
leur connaissance du répertoire sacré allemand. Le public sortira aussi ravi de ce concert qu'il s'y attendait à l'annonce du programme réunissant des cantates de Jean-Sébastien Bach (1685-1750). Ce soir, en l’église
Saint-Julien, l’ensemble invite la soprano Céline Scheen à se
joindre à lui dans un programme rayonnant et sensible, tel un chemin
de foi. La soprano chante d’abord sa reconnaissance avec Ich bin
vergnügt mit meinem Glücke BWV 84 (Je suis heureux de mon
bonheur), puis le chef-contre-ténor exprime quant à lui son espoir d’un
doux repos avec Ich habe genug BWV 82 (Je suis comblé), avant
qu’ils ne se rejoignent pour déplorer leurs pêchés et implorer
le pardon avec le motet Tilge, Höchster, meine Sünden BWV
1083 (Efface, Très-Haut, mes pêchés), libre adaptation en allemand
de Bach d’après le Stabat Mater de Jean-Baptiste Pergolèse
(1710-1736).
Dès sa montée sur scène, le sourire de la soprano Céline Scheen est rayonnant et fait pressentir une sensibilité touchante et sincère. Elle se montre très à l’écoute des parties de chaque instrument, même lorsqu’elle ne chante pas, particulièrement envers le hautbois d'Emmanuel Laporte et le violon de Marie Rouquié avec lesquels elle forme un joyeux trio lors de l’air « Ich esse mit Freuden mein weniges Brot » (Je mange avec joie mon petit morceau de pain). Accompagnant son chant de ses mains et légèrement de sa tête, elle démontre une très appréciable maîtrise des phrasés qu’elle défend avec une agilité naturelle. Son interprétation attentive et affirmée est même très convaincue dans les récitatifs où, tout comme dans les airs, elle déploie un timbre chaleureux dans les graves et lumineux dans les aigus. Heureuse et sachant le communiquer, elle ne peut cacher sa reconnaissance envers les musiciens à la fin de la cantate.
Damien Guillon, prenant la place de la soprano sur scène, ne peut, lui non plus, s’empêcher de féliciter du regard les talentueux musiciens de son céleste ensemble. Il fait preuve d’une attention de chaque instant afin de livrer la meilleure interprétation possible : une diction impeccable et une projection idéale offrent l’opportunité heureuse d’apprécier pleinement le timbre chaleureux de son registre grave et la clarté de son registre aigu. Bien plus encore, l’auditeur goutte avec émotion l’authenticité de son interprétation. Toute la cantate mérite de résonner longtemps dans le souvenir de l’auditeur.
Car si chaque instrumentiste et leur Directeur musical démontrent une intelligence des lignes, une subtile palette de timbres et une patente sensibilité des équilibres, ils parviennent à transmettre le sens profond de cette musique qui en est si riche. Par leurs qualités et leur complicité visible, ils présentent avec facilité un travail d’ensemble extrêmement sérieux et à la fois intensément humain. Le motet BWV 1083, mise en musique du Psaume 51 d’après la partition du Stabat Mater de Pergolèse, dans lequel s’entremêlent les voix de Damien Guillon et de Céline Scheen, montre ainsi une attention extrême afin que chaque mot et même chaque phonème soient prononcés ensemble. Grande qualité qui se retrouve dans le jeu des deux violons, parfaitement ensemble dans l’unisson.
Pour satisfaire la demande du public, Le Banquet Céleste et les deux chanteurs offrent en bis le sublime mouvement lent « Denn du willst kein Opfer haben » (Car tu n'auras aucun sacrifice – exégèse du verset 12 du Psaume 51). Si les spectateurs ne peuvent, derrière leurs masques, répondre au grand sourire des interprètes, leurs applaudissements nourris et leurs regards savent les remercier de cette belle et touchante soirée.