Un Requiem allemand de Brahms à Notre-Dame des Doms en Avignon
Silencieuses sur le parvis du Palais des papes, quelques silhouettes traversent le lieu désert jusqu’à parvenir à la petite lueur, quelques marches plus haut. C’est la lumière au fond de l'autel dans la Cathédrale Notre-Dame des Doms que l’Opéra Grand Avignon, en coréalisation avec la structure Musique Sacrée et Orgue en Avignon, ont choisi pour célébrer Brahms et son imposant Requiem allemand.
La musique intense, ici rendue par une virtuosité soutenue tout au long de ses imposants mouvements, est donnée dans une version particulière : arrangée pour deux orgues (Luc Antonini à l’orgue de chœur et Jean-Pierre Lecaudey au grand orgue) et des timbales jouées par Sébastien Choquet, remplaçant l’orchestre symphonique. Malgré leurs placements encadrant les chanteurs (l’orgue doré au paradis, l’orgue de chœur à l’arrière et les timbales au premier plan) ainsi que leur accompagnement bienveillant et précisément juste, la formation reste maigre et manque de relief, laissant parfois même l’impression d’un chœur en liberté, a cappella.
Dans leurs passages courts mais prononcés, les deux solistes se démarquent en suivant précisément l’esprit et la lettre de la partition. Le baryton Philippe-Nicolas Martin assure trois interventions avec affirmation et énergie. Illustrant la détresse de l’homme face à son destin, le baryton semble imprégné de ses mots et en dégage un jeu amplement solennel. La voix généreusement nourrie aux médiums-aigus et aux accents graves et chauds, est élégamment conduite et soutenue. La soprano Ludivine Gombert s’expose en solo avec délicatesse mais demeure volontaire et confiante. Voix dégagée et homogène, les attaques vers les aigus sont légèrement réservées mais se déploient rapidement vers un timbre sonore, même dans les passages périlleux du morceau. Le mouvement souple et expressif reste convaincu.
Le chœur de chambre Êkhô, renforcé pour l’occasion et dirigé par Caroline Semont-Gaulon, se montre particulièrement expressif et endurant. Assumant la partie majeure de l’œuvre, la phalange met l'écriture en valeur. Chaque membre est investi dans l’interprétation et à l’écoute de la cheffe qui les encourage par des gestes allants et minutieux. Les élans majestueux rayonnent dans l’enceinte de la cathédrale, depuis les nuances douces et suspensives jusqu'aux éclatantes projections vocales. Le chœur semble uni par les mêmes intentions et par le même équilibre.
Une heure chargée en émotions qu'offrent les artistes chaleureusement remerciés par le public avignonnais.
Vendredi 31 janvier 20h30 Basilique Notre-Dame des Doms, Avignon Ein deutsches Requiem de Brahms Merci @OperaAvignon ! pic.twitter.com/8nBq722zfS
— Êkhô choeur de chambre (@EkhoChoeur) 29 janvier 2020