Apér'Opéra n°5, Un amour à l'avignonnaise par Charlotte Bonnet et Alban Legos
Le rendez-vous paraît désormais immanquable pour les mélomanes avignonnais, toujours enthousiastes à l’idée de découvrir les nouvelles voix de demain et d’y partager un moment convivial avec les artistes. Après une ovation méritée à Anaïs Constans lors du quatrième Apér’Opéra, un duo de choix dédie un programme à "l’amour à la française". Articulés sur des ensembles ou des solos sentimentaux, sensibles et passionnés, la soprano Charlotte Bonnet et le baryton Alban Legos mettent également en avant un répertoire d’opérettes françaises assez rare. Les deux complices s'engagent dans ce répertoire léger, pétillant et vivant, représenté par les compositeurs Messager (avec Monsieur Beaucaire), Scotto (Violettes Impériales), Planquette (Les Cloches de Corneville) ainsi que Lehár (La Veuve joyeuse). Les artistes apparaissent confiants et énergiques dans leurs approches vers leur public. Se prêtant au jeu de la présentation de chaque œuvre et air, ils concoctent un dialogue à l’allure plaisante et spontanée. La soprano Charlotte Bonnet se montre particulièrement à l’aise et le confirme par sa présence engagée et joueuse. S’adaptant à chaque intention vocale et scénique, le rendu est charmant et naturel. Dotée d’une large étendue avec des graves somptueusement ronds et riches, mais des aigus tout aussi timbrés et clairs, elle s’exprime audacieusement avec une technique contrôlée et souple.
Mélangeant précision et volupté, la gracieuse voix du baryton Alban Legos dialogue avec elle. Plus réservé dans les moments recueillis, l’expressivité est restreinte et ne paraît que vers la fin du concert, lors des deux bis ("Nous avons fait un beau voyage" extrait de la Ciboulette de Reynaldo Hahn ainsi qu’une reprise "De-ci, de-là" extrait de la Véronique de Messager). Dans un phrasé suave et doux, le timbre homogène et linéaire est apprécié. Cependant, de légers et délicats aigus, trop transparents et étouffés, sont projetés avec difficultés. Le concert prend fin avec le tendre duo "Heure Exquise", de La Veuve joyeuse où les chanteurs invitent même des membres du public à danser en leur compagnie sur scène pendant la valse instrumentale. Habitué à travailler et à accompagner les chanteurs, le pianiste Cyril Kubler s’intègre et prend part à l’heure musicale jusqu’au dialogue et aux petites scènes de ses deux collègues. Souple dans son interprétation et dans sa directive, son énergie constante entraîne les interprètes.
Une fois de plus, le concert est grandement applaudi par les spectateurs.