Quatrième Apér’Opéra en Avignon, avec Anaïs Constans et Marion Liotard
La série Apér’Opéra rencontre encore l'exaltation du public avignonnais. Dans la salle intime mais pleine au point que les ouvreurs peinent à trouver les dernières places, les artistes offrent une bulle lyrique hors du temps. C’est entre deux répétitions de la production de La Fille du Régiment à l’Opéra Grand Avignon, où elle incarnera le rôle-titre, que la chanteuse offre le charme orné de délicatesses vocales. Le répertoire varié est adapté à sa tessiture d’une large étendue. La jeune chanteuse se montre confiante dès son entrée en scène. Elle présente elle-même ses morceaux en donnant l’impression d’un lien personnel avec chacun. Ce que viennent alors confirmer ses lignes vocales exécutées avec aisance et ampleur, de la mélodie intime-expressive aux grands airs d’opéra. Ses quelques lectures sur partition ne contraignent pas l’interprétation dynamique et généreuse. Souple et homogène, la voix ne détimbre pas et reste brillante du début jusqu’à la fin. Des graves chaudement colorés aux aigus fins et précis, le timbre sait même devenir fracassant et s’emparer de la salle. Quelques attaques légèrement plus brutes avec un rendu plus strident dans les aigus accompagnent le passage des mélodies de Poulenc, Hahn et Satie aux airs lyriques de Micaëla, Manon, Amina avec leurs lignes plus vivaces et aériennes.
La pianiste entre dans le son et l’ambiance à la fois mélodique
et lyrique du concert, sans l’apport de pièce instrumentale
soliste. Marion Liotard s’accorde à sa partenaire de scène
(trahissant sa pratique en tant que chef de chant et accompagnatrice
en master-classes avec Patricia Petibon, Sandrine Piau, Louis Langrée
ou encore Inva Mula). Étudiantes dans la même structure et à la
même période, les deux artistes de ce soir collaborent toujours
avec bienveillance et professionnalisme, la pianiste accompagnant avec brillance et respect pour les libertés vocales.
Incitées par le public, les artistes offrent deux bis, "La tragique histoire du petit René" (extraite des Quatre chansons pour enfants de Poulenc) et la Canzonetta Spagnuola de Rossini où la voix de poitrine englobe ses graves/médiums harmonieux et timbrés. Le récital est applaudi par des auditeurs enthousiastes et de plus en plus habitués à l'ambiance chaleureuse et conviviale de ces concerts.