Bach père et fils, talent familial & Talens Lyriques à la Cité Musicale de Metz
L’interprétation
par Les Talens Lyriques de l’Ouverture pour orchestre
n°3 en ré majeur de Bach père, et sa célébrissime
aria, convainc d’emblée l'auditoire. La gestuelle retenue mais précise de
Christophe Rousset suffisant à convoquer toutes les nuances
de l’œuvre et à magnifier l’ampleur de celles des
instrumentistes. Le
Magnificat de Jean-Sébastien Bach offre des trompettes
presque enivrantes, l’accord hautbois-violoncelle-contrebasse un
soubassement pour la soprano Hannah Morrison. Celui de
la contrebasse et du violoncelle, dont les archets glissent avec
souplesse mais fermeté, opère un jeu de correspondances avec Halvor F. Melien, baryton en charge ici de la voix de basse. Pour
celui du fils, les trompettes et cors développent une métaphore de
lumière filée par le Chœur de chambre de Vienne.
Préparé par Michael Grohotolsky, le chœur est en osmose, qu'il développe un contrepoint dans le premier Magnificat aux nuances solaires, ou fasse preuve d’une vélocité prodigieuse sur le contrepoint suivant. La concorde est présente dans la diction et la projection, les timbres purs des sopranos et la profondeur des basses, jusqu’au Gloria Patri final et son remarquable crescendo. L’éclat de la version de Bach fils est rendu par des trilles exemplaires et des timbres radieux.
Ovationné
par le public, le Chœur de chambre de Vienne trouve dans les
voix solistes des alliées de poids pour rendre toutes les nuances
des deux œuvres. Hannah Morrison, cristalline dans ses aigus, déploie avec agilité son
vibrato sur les mediums. Les passages entre les registres se font
avec aisance, et la portée du timbre reste puissante sur les deux
versions. La
mezzo-soprano Ambroisine Bré, au rôle plus réduit, laisse
éclater, dans une diction claire, des aigus riches sur les syllabes
finales du premier Magnificat. Margot Oitzinger donne, de son timbre de mezzo, une impression générale
de fluidité et d’aisance, par la diction précise, les passages des
aigus aux graves souples, les mediums tenus avec facilité. À
trois, leur contrepoint se développe dans un même souci de clarté,
chaque timbre se détachant avec netteté tout en parvenant à une
harmonie aboutie.
Cette même netteté transparaît dans le duo de Margot Oitzinger et du ténor Nick Pritchard, timbres riches, puisés du fond de la gorge, avec le détachement de chaque tessiture en conservant, là aussi, un unisson harmonieux. Le ténor, dans ses interventions solistes, manque un peu de clarté dans les graves, défaut compensé par des mélismes adroits et des aigus sûrs. Sa portée reste toutefois limitée sur le deuxième Magnificat, étant souvent couvert par l’orchestre. Halvor F. Melien offre une diction nette, une bonne projection et une régularité dans les trilles, des graves tenus sans difficulté.
Le rappel espéré par le public de la Grande Salle de l’Arsenal après l’ovation finale prend forme sous l’éclatant Magnificat anima mea Dominum premier.