Nuit de la mélodie et du lied par l'Académie Orsay-Royaumont
La riche voix de basse d'Alex Rosen
(originaire de Los Angeles et diplômé de la Juilliard School) est
large, lyrique, très expressive avec un phrasé legato. Son
articulation précise est au service du drame dans un répertoire
allemand (Carl Loewe et Franz Schubert), accompagné par Michal Biel,
pianiste et chef de chant (d’origine polonaise, également diplômé
de la Juilliard School et lauréat de nombreux concours
internationaux). Son piano se fait presque orchestre dans la richesse
de timbre, au service du son comme du chant.
La mezzo-soprano Marielou Jacquard et le pianiste Kunal Lahiry proposent également des Lieder (de Franz Schubert) mais ils sont les seuls à réunir également la mélodie française dans leur tour de chant (et dans l'esprit de ce programme de formation) : avec Les Histoires naturelles de Maurice Ravel. La chanteuse est dotée d'un mezzo clair avec une couleur parfois vive de type vocal "soubrette", très fluide mais manquant cependant de précision dans l’articulation germanique, surtout en fins de phrases. Les mélodies de Ravel sont interprétées avec une simplicité naturelle, très raffinée sur les couleurs seyantes du piano (parfois un peu fort quand la voix est dans le bas medium).
Jean-Christophe Lanièce, baryton (Maîtrise de Notre-Dame et Hochschule de Berlin) et le pianiste Romain Louveau interprètent un programme français (Debussy, Duparc Hahn). La voix est celle d'un baryton-Martin, sonnant avec aisance dans les mélodies intimistes. Paraissant tendu au début, il entre dans l’esprit de ces mélodies avec un sens de la narration animé et grâce à l'accompagnement très raffiné et touchant, assurant toujours le soutien musical nécessaire à la voix.
Le dernier duo est constitué de la soprano Marie-Laure Garnier (originaire de Guyane et formée aux Conservatoires de Paris) et de la pianiste Célia Oneto Bensaid (formée par l’École Cortot et lauréate de nombreux concours internationaux), dans un répertoire exclusivement français. Trois fables de la Fontaine mises en musique par André Caplet et Banalités de Francis Poulenc permettent à la chanteuse de déployer sa présence et son énergie, captant le regard avant même de chanter. Le visage très expressif se combine avec une voix émotive et une maîtrise de la langue française. Le timbre s'exprime, des notes aiguës faciles jusqu'aux graves bien présents (ce dont manque un peu le medium). L'accompagnement est tel une prouesse pianistique de haut vol avec toutes les nuances exactement à l'instant requis. Un duo particulièrement apprécié du public, dans une salle comble et comblée par cette soirée partagée avec huit artistes de qualité.