Une ouverture de saison aux couleurs italiennes à l’Auditorium du Louvre
Tout
en résonance avec le programme des expositions prévues au
Louvre cette
année - celle dédiée à Léonard de Vinci à l’occasion des
cinq cents ans de sa disparition, ainsi que Le Corps et l’âme tournée vers les sculptures italiennes de la Renaissance - la saison
musicale de l’Auditorium du Louvre est entièrement réservée à
l’Italie et à ses compositeurs les plus renommés. Mais, pour ce
concert de lancement de saison, l’heure
est encore à la préparation : les mélodies qui nous
parviennent d’Italie
sont pour l’instant celles perçues par des oreilles de
compositeurs étrangers qui y ont séjourné physiquement, ou au
travers des partitions.
C’est
avant tout l’ethos italien qui sert de référence à
Mendelssohn :
les accents vifs et sémillants qu’il fait résonner de part et
d’autre de
l’orchestre rappellent
ceux des ouvertures rossiniennes tandis que les trilles trépidants
de la Saltarelle finale évoquent sans nul doute les danses qui
animaient
les bals italiens. Près
d’un siècle plus tard, c’est aussi par le biais de la danse que
Stravinski se tourne vers l’Italie, baroque cette fois-ci, en
composant le ballet pour voix Pulcinella.
La référence italienne est ici plus explicite, puisqu’elle
découle de fragments musicaux tirés d’œuvres
de Pergolèse et intègre des airs chantés en italien. Dans un souci
d’exactitude et de fidélité, le Secession Orchestra choisit de
donner les deux
œuvres dans leur version finale et intégrale, en effet, la
Symphonie « Italienne »
est interprétée dans la version révisée de Mendelssohn, et
Pulcinella
dans son intégralité, avec
les airs chantés.
Peu connus, ces derniers sont interprétés avec force et sobriété par les chanteurs. Placés sur scène comme précisé par Stravinski et n’incarnant aucun personnage, ils restent discrets, n’ajoutant aucun geste à leur chant. Avec finesse et souplesse, le ténor Yu Shao interprète le premier air en ciselant les trilles délicats du Mentre l’erbetta. Méticuleux et précis dans sa diction et à chaque moment rapide, il est malheureusement couvert par la véhémence exacerbée des cuivres de l’orchestre. D’une égale concentration, la mezzo-soprano Fiona McGown soutient un chant léger. Le sourire aux lèvres, elle interprète avec une clarté et une fraîcheur toute pastorale les commentaires de celle qui est tour à tour l’aimée et l’amoureuse. Quant au baryton Romain Dayez, il allie ardeur et gravité dans ses déclarations et offre une expressivité tout à fait digne du répertoire baroque auquel il est rompu. Le timbre épais de sa voix enrobe sans difficulté l’acoustique quelque peu sèche de l’auditorium. Ensemble, ils forment des trios vocaux parfaitement équilibrés, mais trop peu mis en valeur par un orchestre parfois trop enthousiaste, oublieux d’accompagner les voix.
Si l’excellence technique de cette phalange est indéniable, la direction de Clément Mao-Takacs est surprenante à bien des égards : tantôt raide et mécanique, tantôt décousue, elle accapare le regard du spectateur et questionne quant à la pertinence de certains gestes.
Particulièrement nombreux et enthousiaste, le public honore d’applaudissements sonores ce concert d’ouverture et enregistré de surcroît pour le prochain album de l’ensemble.