Les Nuits d’été d’aujourd’hui et d’autrefois au Festival Berlioz
Cette nuit estivale du mois d’août dans l’enceinte du Château Louis XI de La Côte-Saint-André, met en résonance trois "Nuits d'été" : l'Ouverture du Songe d’une nuit d’été de Mendelssohn, Les Nuits d’été de Berlioz (cycle de mélodies sur des poèmes de Théophile Gautier), et sa réactualisation contemporaine avec la création & commande passée par l’Orchestre de chambre de Paris au compositeur Arthur Lavandier de Nuits d’été-poèmes spirites (textes de l’écrivain Frédéric Boyer traitant de la voix, de ses expressions par la parole et les pleurs, évoquant des états d’âmes nostalgiques). À travers les six chants (comme les six mélodies du recueil berliozien) de cette création, principalement mélancolique, la musique tend à renforcer l’ambiance du texte, par ses sonorités dissonantes qui explorent la vaste palette des timbres instrumentaux. Rappelant Debussy par les effets oniriques des harmonies et figures rythmiques, Lavandier attribue à chaque chanson une particularité sonore (comme le chant déclamatif sur différentes notes, les effets percussifs des cordes qui ailleurs accompagnent en trémolo aigu le solo de cor).
La ligne vocale suit cette diversité d’écriture, avec beaucoup de notes tenues et des passages qui mettent en valeur le haut registre de Stéphanie d’Oustrac. Reconnue pour son expressivité, la mezzo-soprano française chante les deux versions des Nuits d'été avec un timbre doux et léger, démontrant les finesses de l’articulation du texte et des notes, accentuant avec soin la couleur de la composition. Elle maîtrise le souffle et l’intensité vocale est constamment équilibrée avec celle de l’orchestre, tissant des phrases cadencées à l’intonation sans failles. Le comble (dans la délicatesse caressante) de son interprétation arrive avec Absence.
Le sémillant Orchestre de chambre de Paris sous la baguette de Douglas Boyd offre un appui solide à la chanteuse. Si quelques décalages et imprécisions occasionnels se glissent dans l’ouverture féerique du Songe d’une nuit d’été de Mendelssohn, L’Idylle de Siegfried de Wagner (qui ouvre le programme) fait preuve d'un son compact et bien mesuré. Cette œuvre intimiste écrite pour treize musiciens en l’honneur de son fils nouveau-né Siegfried, est portée ici par un ensemble de solistes dans une atmosphère pastorale (appel du cor à la chasse, fanfare de la trompette) et berçante (douceur du jeu des deux violons), mais aussi de somptueux tutti qui ne manquent pas de leste wagnérien.
Le public ovationne l’ensemble des artistes et la soirée s'achève sur un chaleureux échange de saluts amicaux entre les musiciens, après avoir offert en bis la dernière chanson des Nuits d’été de Berlioz (L’Île inconnue).