Dixit Dominus lumineux et anniversaire Florissant à Beaune
Le Chœur et l’Orchestre des Arts Florissants placés sous la direction musicale de Paul Agnew déploient la plénitude de leur son avec un enthousiasme perceptible. Aucune sécheresse dans cette interprétation, aucun signe de lassitude, mais une fraîcheur d’approche qui préserve le caractère et l'intimité de ce motet religieux composé à Rome (en 1707) par un jeune compositeur de 21 ans qui découvre alors l’Italie avec émerveillement.
Sophie Karthäuser se trouvant souffrante, sa consœur, la soprano allemande Natasha Schnur, interprète l’ensemble des parties de soprano. Cette voix brillante pleinement posée, mais sensible et intime, ornée de pastel, au timbre tout de transparence, s’élève avec facilité au sein de la Basilique Notre-Dame et illumine l’ouvrage. À ses côtés, Eva Zaïcik renforce cette impression d’ensemble par la richesse de son timbre puissant et profond de mezzo-soprano, sa ligne de chant impeccable, son investissement entier. L’alliance de ces deux interprètes, passées à l’aune du Jardin des Voix de William Christie, offre un mariage de justesse et d'harmonie.
Issus des chœurs présents, également habitués des Arts Florissants, le délicat et fort musical ténor Clément Debieuvre et la basse riche et profonde de Cyril Costanzo font regretter la trop grande brièveté de leur intervention. Le second déploie un grave précis mais sonore, coloré mais clair, profond et vibrant, aussi juste que le chant du premier, dont la voix se lève vers la haute-contre (ténor aigu typique du baroque français), appliqué mais aux phrasés quelque peu épaissis.
Deux œuvres courtes d’Antonio Vivaldi -Kyrie et le fameux Credo- referment le concert, avec de surcroît un autre Dixit Dominus (celui de Baldassare Galuppi) sur le même texte liturgique, comme un contrepoint vénitien pour ce deuxième week-end du 37ème Festival de Beaune (programme lyrique dans notre Grand Guide estival).